Vue générale dans la brume

Collecté en 2001 Sur la Commune de Najac Voir sur la carte
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Introduction

Vue générale dans la brume

L’Inquisition poursuit les hérétiques en Rouergue à Morlhon le Haut (Morlhon), Marmont (Marmont), Saint-Igest (Sant-Igèst), Septfonds (Setfonts), Villeneuve d'Aveyron (Vilanova)... Mais, pour éviter le dépeuplement de Najac, les pouvoirs religieux et civils modérèrent leur zèle. Beaucoup de Najacois (Najagòls) seront condamnés à des pèlerinages coûteux et dangereux ou verront leur peine commuée en une obligation commune de construire l’église Sant-Joan de Najac (1258).
Parmi les nobles du Najacois (Najagués) condamnés, on trouve des seigneurs (senhors), chevaliers (cavalièrs) ou damoiseaux (donzèls) tels que Guilhem de La Roqueta, trois frères de la maison de Muret, Ademar de Combèlas, Deodat et Uga de Pèg d’Oson. Chez les bourgeois, il y a Bernat Ramondin, Ramond Audiguièr, Bernat de Favairac, Bernat de Garrissòlas, Joan de Pebeirac, Guirald de La Boria, Raimond de Lobatièiras...
Certains, tels Pèire Fabrin, Pèire Imbert, Raimonda de Romanhac, Uc de Cusoleta ou Bernat Ramondin, doivent aller plusieurs fois à la cathédrale de Rodez (Rodés). D’autres, comme Joan de Pebeirac, iront à Rocamadour (Ròcamador), Santa-Fe de Conques (Concas) ou Santa-Maria de Rodez (Rodés) et Guilhem Fabressa à Saint-Jacques de Compostelle (Sant-Jacme de Compostela). Guirald de Mercadilh sera quant à lui contraint de se rendre dans tous ces lieux, ainsi qu’à Nòstra-Dòna du Puy en Velay (Lo Puèi de Velai) et à Montpellier (Montpelièr).
On mentionne également un Guirald de Fontròca et deux compagnons. Ces derniers semblent plus lourdement condamnés puisque Bernat Bardet doit aller à Saint-Jacques de Compostelle (Sant-Jacme de Compostela) et à Saint-Denis et travailler gratuitement un jour par semaine à la construction de l’église Sant-Joan. Son collègue, Esteve Garrigas, devra travailler gratuitement pendant quarante jours en sus de l’amende.
Au total, quarante-trois peines furent commuées en amendes qui contribuèrent à hauteur de 10 % à la construction de l’église Sant-Joan.

« De nombreuses études sur Najac ont déjà été publiées. Une des plus développées est la thèse de Charles Laroche, La vie municipale à Najac en Rouergue (XIIIe-XVe siècles), rédigée en 1931 et encore inédite. Jean-Jacques Jouffreau et Marcel Gauchy ont publié En descendant le Barriou (1982) et Marcel Gauchy Najac en Rouergue (1983).
Le château de Najac, le plus bel ouvrage militaire du Rouergue, est bâti sur un éperon rocheux, entouré par l’Aveyron. L’ensemble architectural des XIIe et XIIIe siècles est surtout l’œuvre d’Alphonse de Poitiers (1253). Il comprend un ancien donjon quadrangulaire (XIIe-XIIIe siècles), un donjon circulaire et une enceinte rectangulaire flanquée de quatre autres tours. Il semble qu’il fut à l’origine le château d’une famille de Najac (début XIIe siècle), puis de plusieurs coseigneurs qui durent reconnaître la suzeraineté de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse (1182). Les habitants de la ville, établie sur l’arête rocheuse, refusèrent l’hommage (1211). Le lieu hébergea vers 1225-1253 divers hérétiques albigeois. La population se souleva une seconde fois contre l’hommage à Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis et gendre et héritier de Raymond VII de Toulouse. C’est alors qu’Alphonse, voyant l’importance de la place, décida de reconstruire et de renforcer le château. Le 15 mars 1353, les états de Languedoc s’y réunirent.
Pendant l’occupation anglaise, les habitants manifestèrent une fois de plus leur indépendance contre l’occupant (1368-1370). Pour les remercier de leur action, le duc d’Anjou, frère de Charles V, leur accorda des privilèges. Le pouvoir royal avait créé autour de Najac un bailliage et une châtellenie, qui comprenait en 1285 quatre-vingt paroisses. Najac eut des châtelains et des capitaines notables : Guilhot d’Estaing en 1444, Lardit de Bar, châtelain en 1461-1485, P. Lassalle, capitaine en 1480, Jacques de Ginouillac dit Galiot en 1497-1503.
Najac connut les contre-coups des grands troubles de l’Ancien Régime : les calvinistes l’occupèrent et le pillèrent et furent expulsés par Bournazel, sénéchal de Rouergue, avec l’aide des habitants (1572-1582). Les ligueurs conduits par Jean de Morlhon-Sanvensa s’emparèrent du château, mais la ville leur résista victorieusement (1589). Les croquants s’y établirent un instant. C’est là que fut exécuté leur chef, Calmels dit la Fourque. Depuis le Moyen Age, le château servait de prison et ce fut encore son usage sous la Révolution. Vendu comme Bien national le 16 juillet 1796, il dût à sa fonction de beffroi de ne pas être démoli. Un des acquéreurs le transforma par la suite en carrière de pierre jusqu’à sa première restauration vers 1820 : la passion des ruines féodales commençait à naître. Il fut enfin racheté et entretenu par Cibiel, député de l’Aveyron et propriétaire de Loc-Dieu.
L’église Saint-Jean l’Evangéliste fut construite en 1258 par Bringuier Jornet sur l’ordre des inquisiteurs Guilhem Bernard de Dax et Rainaud de Chartres. Les habitants qui avaient soutenu l’hérésie devaient se rendre en pèlerinage dans les plus célèbres sanctuaires de France ou d’Espagne ; ils purent se libérer de cette obligation en contribuant à la construction de l’édifice. En 1271, de nouveaux travaux furent entrepris par Estève de Canilhac et Guilhem Bardet, puis par J. de Vilanova et L. Andrieu. L’église fut achevée en 1280. Elle renferme un groupe de sculptures du XVe siècle (Christ, Vierge, saint Jean et saint Pierre), une grande croix processionnelle du XIIIe siècle, une cage en fer forgé pour abriter la candela de la Maire de Dieu (XIIIe siècle).
Le prieuré fut uni à la mense des religieux de Saint-Antonin en 1184. » (Jean Delmas, 2001)

Najagués, país faidit

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© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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