Moulin à gypse (gèis, gip) à meule verticale, janvier 2000
Introduction
Moulin à gypse (gèis, gip) à meule verticale, janvier 2000
L’exploitation du gypse représente une activité importante sur la paroisse de Montaigut, commune de Gissac, jusqu’au début du XIXe siècle. Francine Simonin, qui participa à la restauration du site avec l’association des Amis du château de Montaigut, en a donné une description dans Dix ans d’archéologie en Aveyron. En voici quelques extraits :
« Le gypse affleurait dans les terres des paysans (concédées par le seigneur local, ou terrains communaux parfois). L’extraction se faisait dans de grandes tranchées à ciel ouvert d’où il fallait d’abord extraire de gros volumes de terre pour atteindre l’essentiel du banc de gypse de couleur blanche, rose ou grise suivant les sites. (…)
Il fallait ensuite cuire les cailloux avec du bois, dans des fours de pierre, pour éliminer une partie de l’eau de ce sulfate de calcium hydraté. La température nécessaire n’était pas excessive. Une fois cuit, le gypse devait être broyé pour obtenir la blanche poudre de plâtre prête à l’emploi. Là encore, l’énergie requise était raisonnable, le gypse étant une des roches les plus tendres qui existent. On utilisa longtemps de simples massues de bois maniées à bras d’homme pour réduire en poudre le gypse déjà cuit. Le plâtre tamisé et mis en sacs, on obtenait un matériau prêt à l’emploi ayant exigé surtout du temps et de l’énergie musculaire – que le paysan ne comptait pas – et qui allait rapporter de l’argent liquide – que le paysan entendait rarement sonner. (…)
Avec de nouveaux besoins agricoles [plâtrage des fourrages artificiels], la fabrication paysanne du plâtre ne peut plus suffire pour satisfaire la demande. Apparaissent alors dans les premières décennies du XIXe s. le nom des “feseurs de plâtre” ou “fabricants”, ainsi dénommés dans les écrits de l’époque, tous artisans à temps plein et non plus producteurs occasionnels. (…)
Les méthodes aussi vont changer pour permettre de produire plus de plâtre. Les carrières à ciel ouvert nécessitant l’évacuation d’énormes volumes de terres stériles, vont devenir souterraines dans les années 1850. Ces exploitations en galeries vont très vite se généraliser ici et perdurer jusqu’à l’arrêt des dernières exploitations en 1914 (dans les dernières années seulement on y installera des rails pour wagonnets). Les fours deviennent plus volumineux, passant de quelques m3 à une trentaine de m3 (jusqu’à 60 m3 à La Grange). Certains sont chauffés au charbon de terre et non plus au bois. Ils ne sont plus établis près des carrières, mais près des moulins dans les vallées, parfois même inclus dans les bâtiments des usines. Car l’on ne broie plus le plâtre manuellement, bien sûr. De grosses meules de pierre sont mues par l’eau, et parfois la vapeur. C’est le temps des usines, établies dans les vallées, proches des rivières et des axes routiers encore bien imparfaits. Les grandes charrettes peuvent pénétrer à l’intérieur des bâtiments pour y être chargées à l’abri des intempéries. Puis elles partent livrer la clientèle locale, d’abord limitée au sud du département, puis étendue aux départements limitrophes par le relais du chemin de fer, lequel arriva en 1874 à Millau et à Saint-Affrique. (…)
Que deviennent alors nos paysans plâtriers avec cette concurrence d’une toute autre pointure ? Certains abandonnent la fabrication du plâtre. D’autres continuent, en s’adaptant aux nouvelles techniques plus productives : des paysans se font mineurs, s’enfoncent sous la terre dans des galeries souterraines creusées au burin, à la massette et à l’explosif, en s’éclairant de leur calelh et plus tard de lampes à acétylène ; des paysans se font meuniers, bâtissent des moulins à la grosse meule verticale mue par leur âne ou leur mulet. Mais leurs efforts d’innovation s’arrêteront là, car ils resteront producteurs saisonniers et ne pourront investir dans des usines coûteuses à établir, loin dans les plaines. (…)
Les usines sont utilisées par les fabricants, pour lesquels la production de plâtre est l’activité principale.
Avec l’énergie de l’eau, qui actionne un “roudet” horizontal en bois, ou bien une turbine. L’aménagement hydraulique le plus intéressant ici est celui de La Grange (commune de Gissac) où le captage de l’eau se faisait en amont, à un peu plus d’un kilomètre, pour les besoins de l’irrigation : ce système de canaux était alors une innovation dans ce secteur vers 1840. Il comporte un bel aqueduc enjambant encore actuellement le ruisseau. Lorsque Galzin voulut établir son usine une vingtaine d’années plus tard, il n’eut qu’à créer une courte dérivation pour alimenter un réservoir en forme de tour cylindrique, d’où partait une conduite de fonte enterrée jusqu’à la turbine située sous l’usine. L’énergie disponible étant supérieure à celle d’un animal, on peut alors coupler deux meules courantes. On a utilisé aussi d’autres mécanismes, tels ces “moulins broyeurs à noix système Fauconnier” attestés à La Grange en 1863, dont le principe était celui des moulins à café à manivelle. » (Extrait de “Les moulins à plâtre du Sud-Aveyron”, d’après Francine Simonin, dans Dix ans d’archéologie en Aveyron…)
Molin de gèis o de gip, a Gissac, genièr de 2000