Paroissiens (parroquians) costumés et agneau (anhèl) lors de la procession de la Saint-Fleuret (Sant-Floret), juillet 1987.

Collecté en 1987 Sur la Commune de Estaing Voir sur la carte
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Introduction

Paroissiens (parroquians) costumés et agneau (anhèl) lors de la procession de la Saint-Fleuret (Sant-Floret), juillet 1987.

Tantôt considérés comme un hommage à la Vierge, tantôt comme une coutume profane associée à la fête votive, les reinages (reinatges) se sont maintenus en Vallée d’Olt avec les processions costumées de la Sainte-Epine à Sainte-Eulalie d'Olt (Santa-Aulària) et de la Saint-Fleuret (Sant-Floret) à Estaing (Estanh), ou avec les enchères de la fête à Montarnal de Sénergues (Montarnal de Senèrgas)
La relation du reinatge de la Sant-Floret, avec des rites profanes tels que l’élection de rois et de reines de la jeunesse pour l’organisation des festivités, est attestée par les visites pastorales du XVIIIe siècle qui dénoncent les excès de la jeunesse.

« A Estaing, la gloire de saint Fleuret (Sanctus Floregius) a éclipsé celle du patron saint Amans. Fleuret était évêque auxiliaire de Clermont. Suivant la tradition, il mourut là au retour d’un voyage à Rome. Son culte est attesté depuis le XVe siècle (fontaine miraculeuse). Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la fête était l’occasion d’un reinage (élection d’un roi et d’une reine) et d’une procession plus profane que religieuse, de caractère guerrier. Interdite par l’Eglise, elle fut rétablie au XIXe siècle sous la forme que nous connaissons d’une reconstitution historique. L’ancienne chapelle de saint Fleuret se trouvait au bord du chemin d’Estaing au Nayrac et, abandonnée après la disparition de la confrérie dont elle était le siège, elle fut détruite vers 1880 pour l’élargissement de la route. » (Jean Delmas)

« Le jour de la fête de St Fleuret il s’y passe des usages scandaleux. Cela se produit à la suite d’un rénage, La jeunesse choisit la reine qui désigne a son tour le roi de St Fleuret. Cela donne lieu parfois à des rixes et des bagarres. A l’office de neuf heures, le curé désigne la reine. La jeunesse quitte aussitôt l’église et court dans le cimetière en faisant forces décharges de bombarderie, puis s’en va en nombre en un lieu boisé, retiré de la ville. Là, on y rencontre force scandales. Puis le cortège s’en retourne vers la chapelle de S' Fleuret. La reine et une vingtaine d’autres filles, entièrement dévêtues, montent sur un char traîné par les garçons. On ne voit que des scènes obscènes le long du parcours.
A la chapelle, le curé avec les autres prêtres d’Estaing accueillent les soi-disant roi et reine de St Fleuret et les accompagnent en cortège à travers les rues de la ville. On n’entend que des bruits de tambours et de mousqueterie auxquels se mêlent des cris tumultueux et malséans.
La fête se termine dans l’ivrognerie et la débauche. Le soir on y rencontre sur la paille étalée des rues forces scandales, ce qui incite même les épouses honnêtes au vice et à la débauche.
Défence, sous peine d’excommunications à renouveler ces usages licentieux. Ordre sera donné au curé d’Estaing à veiller sur les observations formelles qui lui seront remises. Des commissaires seront envoyés par Mgr l’évêque afin de surveiller l’application des présentes observations. » (Extraits du procès-verbal de la visite de l'évêque Mgr de Touroudre en 1733)

« Il y a encore un renage de St Fleuret qui consiste à faire chanter trois grandes messes, une le jour de St Fleuret et les deux autres deux jours de dimanches, le Roi et la Reine vienent à cette messe avec leurs invités et invitées se tenant sous les bras les uns les autres et étant accompagnés de plusieurs tambours, violons, musettes et d’une multitude de gens armés, ils s’en retournent dans le même ordre et les fusilliers font une décharge dans le cimetière, lorsqu’ils sortent de l’Eglise. Le Roi est obligé de donner à boire et à manger aux hommes qui sont quelquefois au nombre de deux ou trois cens et la Reine à toutes les filles et femmes de sa suite et lorsque la messe de paroisse commence le Roy et la Reine avec leur suite, tambours et fusilliers vont faire le tour d’une certaine montagne et vont se rendre à la chapelle des Penitens ou la procession va en station avec les reliques de St Fleuret. La procession attend dans cette chapelle que toute cette multitude ait fini leur prétendu pèlerinage et qu’ils ayent défilé en faisant chacun une décharge, la procession revient ensuite à l’Eglise. On fait encore des feux que le Roi, et la Reine allument la veille de S' Fleuret, et le soir de la fête, et les autres deux dimanches ou le Roi et la Reine font chanter la grand messe pendant tout le jour de la fête de S' Fleuret, on n’entend autre chose que coups de fusils et tambours. Il arrive souvent des querelles et l’année dernière il fallit arriver un meurtre. C’est encore une occasion de dissolution, d’yvrognerie et de bien d’autres désordres. C’est d’ailleurs une dépense considérable. Tout cela cependant s'excuse pour accomplir un prétendu voeu d’être Roy de St Fleuret et les particuliers qui ont fait ces vœux viennent le dire au curé qui les nomme Roi et Reine au sortir de la Bénédiction du St Sacrement qui se donne apres vepres le jour de la fête du St. (…)

Et voulant corriger les abus qui se commettent à l’occasion de la fête de S' Fleuret, patron de cette paroisse nous déclarons que les prétendus vœux qu’on fait d’être Roy ou Reyne de la fete de ce saint sont plus tôt des abus intolérables que de véritables vœux, nous défendons en conséquence au Sr Curé de les recevoir et de nommer ni Roy, ni Reyne, ni de chanter les messes qu’on avoit coutume de faire célébrer à cette occasion, et au cas qu’on continuât d’alumer des feux a la place, et d’y denser, de faire le tour de la montaigne avec des tambours, fusils et autres armes, et en un mot de faire rien qui soit contraire a l’Esprit de religion et de pieté et à la sanctification des fetes nous luy défendons de faire la procession accoutumée à la chapelle des Penitens. » (Extraits du procès-verbal de la visite de l'évêque Jean d'Ize de Saléon du 4 mai 1738)

Sant-Floret a Estanh, julhet de 1987.

Photo

 Paroissiens (parroquians) costumés et agneau (anhèl) lors de la procession de la Saint-Fleuret (Sant-Floret), juillet 1987.
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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