Vue générale et mine à ciel ouvert de La Découverte, juin 1986

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Introduction

Vue générale et mine à ciel ouvert de La Découverte, juin 1986

Les gisements du Carbonifère ont été largement exploités, au moins depuis le Moyen Age, dans la région d’Aubin (Aubinh). En général, quand on parle du Bassin (Bacin) en Rouergue, il s’agit du bassin houiller d’Aubin-Cransac-Decazeville-Auzits, autrement dit lo pais negre (le pays noir).

« La naissance et le développement de la ville sont liés à l'exploitation du charbon et à l'établissement d’une industrie métallurgique. Cette exploitation est attestée dès le Moyen Age. Le transport par la voie du Lot en direction de Bordeaux semble avoir été organisé au XVIe siècle. Des concessions à quelques seigneurs furent faites par le gouvernement en 1760 et 1785 et provoquèrent un soulèvement général, les habitants se disant dépouillés de leur propriété.
Ces opérations n'eurent pas de succès, non plus que les concessions de 1803, de 1804 et de 1818 faites en faveur du sieur de Lasalle ou La Salle. En juillet 1825, le duc Decazes prit l'affaire en main et fonda le 17 juin 1826 la Société des houillères et fonderies de l’Aveyron, pour l'exploitation du charbon de La Salle. Le minerai de fer venait de Montbazens, Aubin, Mondalazac, Lunel, Sénergues, Veuzac et Kaymar. La direction fut confiée au Rouergat François-Gracchus Cabrol, polytechnicien, qui s'était formé en Angleterre, fit construire des hauts-fourneaux et entreprit la fabrication de rails de chemins de fer. La première coulée de fonte eut lieu à la Noël 1828 à la Forézie, près de Firmi. Le départ de l'industrie fut foudroyant. Vers 1840, la production de fer était le double de celle du Creusot ou d'Alès et la société occupait le second rang en France. En 1841, les différentes sociétés des forges se partagèrent l'adjudication de rails pour les chemins de fer d'Orléans : Alais, Le Creusot et Fourchambault produisaient chacune 2000 à 2500 tonnes et Decazeville à elle seule donnait 6500 tonnes. En 1842, elle était déjà à 10 ou 12000 tonnes. En 1847, elle était la plus importante société sidérurgique de France par son personnel, comptant 2258 ouvriers contre 1430 au Creusot. Une ville nouvelle se forma sous le nom de Decazeville, rassemblant tout ce monde, sur le domaine de la Grange, qui avait été acquis en mars-avril 1829 et sur lequel on avait construit une forge dès 1829. On créa les routes nécessaires. La première école primaire s’ouvrit en 1832, événement bientôt suivi par la création d’une commune (1834) et bien plus tard par celui d’une paroisse (1858). Le premier maire fut Balthazar Joulia de Lasalle, ancien propriétaire des lieux.

Mais la prospérité diminua avec le progrès des autres centres métallurgiques. Cabrol, de tempérament entier et autoritaire, ne sut pas toujours combattre la concurrence : la crise de 1848 provoqua d’abord un léger fléchissement ; la Compagnie du grand central établie à Aubin débaucha, à son profit, le personnel de la Société des houillères ; enfin, Cabrol se fit enlever par la Compagnie d’Orléans, qui avait succédé au Grand Central, la construction du chemin de fer de Rodez à Capdenac, qui ne passa pas par Decazeville mais par Aubin. Le traité de libre échange de 1860, avec l’Angleterre, favorisa le fer anglais et porta à la Société des houillères un coup fatal. Decazes démissionna en 1860 et Cabrol quitta la direction de la compagnie. Celle-ci fit faillite en 1865.
Une « Société nouvelle des houillères et fonderies de l’Aveyron » créée à l’initiative de Schneider, propriétaire du Creusot, lui succéda en 1868. Le gendre de Schneider, Deseilligny, fut le directeur de la nouvelle société. Il fut élu député en 1869, devint par la suite maire de Decazeville et ministre de l’Industrie. La guerre de 1870-1871 fut bénéfique à la société, du fait de l’arrêt des forges et usines du Nord. Mais en 1875, faute de commandes, elle fut obligée de réduire la production et de renvoyer une partie du personnel. En 1877, un haut-fourneau était arrêté, tandis que la découverte de la Vaysse était épuisée. La situation sociale était alors dramatique : des mineurs émigrèrent en Californie, à partir de 1878. Le nombre des partants s'accrut vers 1885. Le personnel était faiblement payé. Les ouvriers aveyronnais, en grande partie d'origine rurale, se méfiaient des coalitions et les débuts de l'industrie sont peu marqués par les grèves et les troubles : pourtant une première explosion eut lieu en 1865. La plus grave fut celle de 1886, marquée par cent dix jours de grève et l'assassinat du sous-directeur Watrin (21 janvier). L'événement contribua à la création du Mouvement ouvrier français.
Le rachat en 1892. par la Société Commentry-Fourchambault, de la Société Nouvelle rétablit la situation, grâce à un soutien étranger : des ateliers modernes furent construits, quatre fours Martin installés de 1895 à 1902. Le procédé Thomas fut introduit en 1905. Dès lors, commençait une troisième période de rénovation des forges et d'exploitation plus rationnelle de la mine. La guerre de 1914-1918, comme celle de 1870-1871, entraîna une prospérité temporaire. Des éléments nouveaux s'établissaient à Decazeville, des ouvriers venus de l'Ailier, après la fermeture des mines de Commentry, des réfugiés du Nord, des Espagnols, et même des Russes et des Polonais, tandis que les Decazevillois continuaient de partir vers l'Amérique.
Entre-temps, Decazeville était devenu chef-lieu de canton (1881) et ce rôle administratif accrut son importance. En 1905, la commune avait 13000 habitants.
Après 1918, l'usine d'ammoniaque de synthèse Georges Claude fut fondée. Mais Decazeville connut un troisième déclin à partir de 1931 et un chômage permanent de 1933 à 1935. La seconde guerre mondiale provoqua un regain d'activité. L'installation de la Société Louvroil- Montbard-Aulnoye (tubes d'acier) contribua à ce renouveau. L'effectif des mineurs passa de 3875 en 1938 à 5045 en 1946. Le déclin reprit après cette date : les houillères avaient été nationalisées le 28 juin 1946 et unies avec celles du Tarn et de l’Aveyron dans le groupe des Houillères du bassin d'Aquitaine. En 1952, il n'y avait plus que 4065 mineurs.En 1954, deux établissements importants étaient fermés : l'usine de méthanol et l'usine d'ammoniaque Georges Claude.
La même année fut créée l'usine chimique métallurgique de Decazeville (U.C.M.D.), avec la participation de la Société d’Imphy (ex Commentry-Fourchambault) et les Houillères d’Aquitaine. On vit des productions ou des spécialisations nouvelles : fonte à bas carbone, bitumes produits à partir du goudron de l' U.C.M.D. Le plan charbonnier de 1960, prévoyant la réduction de l'exploitation, provoqua une dernière grande grève (déc. 1961 - février 1962). Le dernier puits de mine, celui de Bourran, s'arrêta en 1966. Seules fonctionnent encore les exploitations à ciel ouvert, dites découvertes. » (Jean Delmas, 1991)

La Sala, junh de 1986

Photo

Vue générale et mine à ciel ouvert de La Découverte, juin 1986
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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