Gentille pastourelle
Introduction
Ces dialogues chantés entre une personne de rang élevé et une jeune femme de modeste extraction sont appelés pastorèlas. "Gentille pastourelle" est la plus répandue dans la région.
Toutes révèlent la situation diglossique de l'occitan par rapport au français, mêlée à un conflit de classes. Le seigneur s'adresse à la jeune femme en français. Il veut l'emmener, lui inculquer les bonnes manières et lui faire connaître le beau monde. La jeune femme lui répond en occitan et préfère rester dans sa campagne.
Il s'agit d'un genre populaire très ancien que l'on retrouve dans la lyrique des troubadours.
"Gentille pastourelle" a été publiée par Jean Fromen (1809-1880) d’Huparlac, sur l’air de "Il pleut, il pleut, bergère", dans "Julito et Pierrou ou lou comi mal espeirat del moriatge", le 10 août 1840.
Son
Gérard LOMBARD
né en 1923 à Loudo de Castanet (82).
Eliette SAVIGNAC
née Mathieu en 1923 à Calcomier de Vailhourles.
Transcription
Occitan
Français
Que tes airs sont charmants,
Pourquoi fille si belle,
Peux-tu rester aux champs ?
Laisse-là ta campagne,
Laisse-là ton troupeau,
Viens être ma compagne,
Viens orner mon château.
– Aicí coma a la vila,
Al pè de mos parents,
Mossur soi plan tranquila,
Ne passi de bon temps.
N’ai pas granda fortuna,
Mès cependent n’ai pro,
Vos ne trobaretz una,
Daissatz-me delai soi.
– Sans toi je ne puis vivre,
Rends-toi donc à mes vœux,
Daigne, daigne me suivre,
Nous partirons tous deux.
Si ton cœur le désire,
Tu porteras mon nom.
Tu verras le beau monde,
Et changeras de ton.
– Retenguètz pas la brida,
Fasètz vòstre camin,
Mos parents m’an noirida,
Ieu los divi servir.
Quand èri pichonèla,
Me seguián pas a pas,
Elses m’an pas quitada,
Ieu los quitarai pas.
– Envers tes père et mère,
Tu feras ton devoir,
Souvent dans leur chaumière,
Tu reviendras les voir.
Tu seras grande dame,
Et vivras sans regret,
Viens régner dans mon âme,
Tu seras mon sujet.
– Dins mon ostal soi reina,
Aicí tot m'obeís,
Benlèu seriái geinada,
Dins lo vòstre país.
Crenti vòstra finessa,
Aimi plan mos motons,
Me podriatz far comtessa,
Vendriái pas ambe vos.
– Plus je te considère,
Plus j’admire tes traits,
Plus je te trouve belle,
Accepte mes bienfaits.
Ne sois pas si sévère,
Ou bien de ton refus,
Explique-moi la cause,
Je n’insisterai plus.
– Perque z’o me cal dire,
Mossur, mon cur es pres,
Per un autre sospiri,
L'i comprenètz pas res.
Pierron fa mon caprici,
Ieu l’aimi coma tot,
Vos fasètz mon suplici,
Aquí mon dernièr mot.” »
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