2690. TOURNEMIRE - Le Couvent

Introduction

2690. TOURNEMIRE - Le Couvent

« Tournemire occupe un site gallo-romain (restes trouvés entre la gare et le couvent de Notre-Dame). L’ancien prieuré de Notre-Dame de Condabriac ou Combebrias (XIIIe siècle) fut uni au prévôt du chapitre de Vabres. L’église Notre-Dame de l’Assomption fut rebâtie en 1832.
Le château relevait du comte de Rodez (XIIIe-XIVe siècles). Il fut la résidence de la famille de Tournemire, puis des Jordan de Creissels, famille à laquelle appartenait Jordain de Jorda, sénéchal du comté de Rodez (1373). Celle-ci le partagea, sans doute, en coseigneurie avec les Luzençon. A la fin du XIVe et au début du XVe siècle, noble Brenguier de Cabrieyre, alias Jorda, en était seigneur. La seigneurie passa par la suite à une branche cadette de Montcalm (1437-XVIIIe siècle). Le château fut vendu en 1807 à M. Nougayrolles de Saint-Affrique, dont la sœur Rose le donna vers 1818 aux religieuses de Notre-Dame, qui y établirent un important couvent. La chapelle du couvent fut dédiée à l’Immaculée Conception le 21 avril 1847 et reçut du mobilier de l’ancienne abbaye de Nonenque. » (Jean Delmas, 2002)

Los inventaris de 1907
« [Le 25 février 1907] la force armée, à la tête de laquelle marche le commissaire de police, arrive en vue de la maison curiale et est accueillie par des “hou-hou”, qui se confondent avec les mêmes cantiques, partis des fenêtres supérieures. Ordre est donné à la gendarmerie à cheval de faire évacuer la place. Elle y parvint sans trop de peine ; le commissaire ceint de son écharpe se dirige alors vers la porte qui donne accès dans le jardin du presbytère et, après avoir fait les sommations légales, donne l’ordre d’enfoncer la porte. Cette opération nécessite quelques efforts, après lesquels on parvient à pratiquer une brèche, on écarte d’énormes pierres qui obstruent l’ouverture opérée et cela fait, gendarmes et serruriers pénètrent dans le jardin. A ce moment, les cantiques, les cris, les vociférations redoublent d’intensité, les fenêtres supérieures du presbytère se garnissent de jeunes filles. Elles hurlent plutôt quelles ne chantent : “A la mort !” “Le Seigneur te jugera…” Cependant, les ouvriers attaquent vigoureusement la porte d’entrée sous une véritable pluie de cailloux, de briques ou de cendres. On verse même de l’urine (…)
Ce dernier fait amène le curé Ginisty à paraître à la fenêtre, pour nous donner, avec la mesure de son esprit, l’analyse de ce liquide. “Nous les avons aspergées d’eau bénite”, dit-il. Son intervention maladroite est accueillie par les cris de : “A bas la calotte !” (…)
Le curé Carrière, montant sur un perron, lit une protestation ; le curé Ginisty éprouve le besoin de déclarer que les gens de Tournemire sont des cannibales et, se tournant vers notre groupe, le qualifie d’apache. Il est vertement relevé. La manifestation se reforme ; les cris de “Liberté !” “Vive le curé !” alternent avec ceux de : “A bas la calotte !” On se dirige vers l’église. On pénètre dans l’église où la manifestation prend fin. (…)
Lorsqu’il s’est agi des inventaires, tout s’est passé dans le calme le plus parfait, mais aujourd’hui qu’il s’agit d’une question exclusivement matérielle, aujourd’hui que le curé constate que, comme vous et moi, il devra payer sa location, aujourd’hui, sur son invitation, vous vous révoltez de la façon… passive que l’on sait. 
Nous adressons nos félicitations à M. le commissaire de police et à Me Campredon, huissier, pour la façon dont ils ont dirigé les opérations, nous félicitons également le serrurier Lacas et plus particulièrement le citoyen Charles Boussaguet, qui volontairement s’est avancé et a offert ses services à l’autorité, il a successivement enfoncé toutes les portes, sous les menaces, les cailloux et autres. Toutes nos félicitations à ce sincère républicain. » (Extrait de Le petit Méridional, jeudi 28 février 1907)

Lo convent de Tornamira