Vue générale

Collecté en 1997 Sur la Commune de Ste-Eulalie-de-Cernon Voir sur la carte
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Introduction

Vue générale.

« Sainte-Eulalie et en particulier la commanderie ont fait l’objet de plusieurs monographies récentes telles que celles de MM. Carcenac (1995), Crouzat (1971), Delmas (1978), Soutou (1974) et Virenque (1973).
Sainte-Eulalie de Cernon est bien la capitale du Causse du Larzac dont elle portait jadis le nom : Sainte-Eulalie du Larzac. L’abbaye de Gellone (Saint-Guilhem le Désert) et celle de Conques semblent avoir été les premières organisatrices du village. En 1152, Raymond, abbé de Saint-Guilhem, avec l’approbation des évêques d’Agde et de Lodève, donne aux Templiers l’église de Sainte-Eulalie et ses dépendances. En échange, les Templiers lui verseront une rente annuelle de 50 sols de Melgueil et six fromages d’une valeur de 6 sols. Conques suit l’exemple de Gellone en leur abandonnant Flaujac et Cornelach, où se trouvent encore les vestiges d’une ancienne forteresse, qui aurait commandé jadis toute la région.
En 1159, Elie de Montbrun, commandeur du Rouergue, « in partibus Rutenensibus magister », obtient de Raymond Béranger, comte de Barcelone et roi d’Aragon, la cession de ses droits sur Sainte-Eulalie et le Larzac et l’autorisation d’y construire des villes et des forts. Trois ans plus tard, il rachète à Saint-Guilhem la rente qu’il lui versait depuis 1152. L’acte est conclu devant les évêques de Lodève, de Narbonne et de Rodez. La qualité des intervenants prouve l’importance de l’acte et celle du projet des Templiers : faire de Sainte-Eulalie la capitale du Causse.

Le domaine s’accroît rapidement : de terres, de granges, d’églises, de droits, comme le péage qui se levait sur tous ceux qui traversaient le Larzac... Par donations ou par achats, les Templiers sont devenus les maîtres du pays. Ils construisent à ce moment-là l’église romane, très simple, sans aucun luxe et qui existe toujours. A l’ouest, leurs ambitions se heurtent aux Hospitaliers établis à La Bastide Pradines et au Viala du Pas de Jaux (ils règlent leurs différends en 1253) et au sud au prieur de Saint-Caprazy du Larzac. Avec les seigneurs laïcs du voisinage, les agacements sont continuels : le Temple a pris trop d’importance et son dynamisme provoque des jalousies à tous les niveaux y compris et surtout au niveau des agents du roi. En 1306, le lieutenant du bayle de Millau fait abattre les fourches patibulaires ou les piloris, monuments qui rappelaient à tous que le Temple avait la haute justice sur ces terres. En fait, c’est bien au roi que cette puissance porte ombrage.
En 1307, dans toute la France, Philippe-le-Bel fait arrêter les chevaliers du Temple. Ceux de Sainte-Eulalie sont jetés dans les prisons de Najac. Les prisonniers, comme partout, sont mis à la torture. On leur extorque l’aveu de crimes qu’ils n’ont pas commis. C’est une des taches de notre Histoire. En 1312, le Pape abolit l’ordre, à titre provisoire, et, malgré le roi, qui voulait récupérer leurs biens, il attribue ceux-ci aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.
Or les Hospitaliers étaient, sur le Larzac, les voisins les plus puissants des Templiers. Unis, leurs domaines couvrent désormais presque tout le Larzac. Avec le même génie de l’organisation, les Hospitaliers s’installent à Sainte-Eulalie. Il y a là un logement austère pour une petite communauté religieuse de cinq à dix personnes, un moulin, des écuries pour 35 chevaux, des ânes et des mulets. Les étables renferment 22 bœufs de labour, 120 bovins, 24 porcs, 160 chèvres et pour le seul lieu de La Cavalerie, qui en dépend, 1725 ovins. Tout ce cheptel nécessite un important personnel ; les 11 paires de bœufs supposent de grands champs, les autres de vastes pâturages... Sainte- Eulalie a sa cave à Roquefort pour affiner le fromage produit par ses troupeaux de brebis. Mais les Hospitaliers ne s’occupent pas seulement de la gestion directe de leurs domaines. En 1317, ils font publier un règlement de police, qui montre leur souci de l’organisation : culture des terres, protection des vignes, usage des bois et des forêts, chasse, pêche, tout y passe. De nombreux articles concernent l’exploitation des mines de fer, dont le produit était travaillé dans la vallée du Cernon ou, au sud, dans celle de la Sorgues.
C’est la grande époque : le Rouergue donne même à l’Ordre un grand maître : Dordé ou Dieudonné de Gozon (t 1353), qui, selon la légende, aurait tué le dragon de l’île de Rhodes, après avoir exercé ses mâtins contre un mannequin, dans une caverne de son pays natal.
Les jalousies sont toujours aussi vives dans le voisinage : pour bénéficier de l’impartialité dans la justice, les Hospitaliers obtiennent de relever en 1340 non plus de Millau, mais de Roquecezière, au bord du Rouergue et de l’Albigeois. Le commandeur de Reilhane achève la construction de l’église de Sainte-Eulalie : on voit encore ses armes parlantes, un fer de charrue (en langue d'oc : relha). Les violences augmentent : profitant des troubles de la guerre de Cent Ans, du passage des bandes anglaises ou des routiers, les seigneurs locaux règlent leurs comptes : en 1377, Raymond de Roquefeuil prend la commanderie et la pille ; en 1389, les routiers sont à Sainte-Eulalie ; en 1438, une bande s’empare du grenier des Hospitaliers à La Bastide Pradines. Contrairement à la légende concernant les ordres militaires, les maisons des Hospitaliers ne sont point particulièrement fortifiées.
Le début du XVe siècle est l’époque des grands efforts dans le domaine défensif : en 1420, un fort est établi au Viala du Pas de Jaux. La Couvertoirade est fortifiée en 1439, Sainte-Eulalie et La Cavalerie en 1442 seulement. En fait, les beaux remparts que l’on peut admirer dans ces trois localités ne sont pas l’œuvre des Hospitaliers (et encore moins des Templiers comme l’on dit parfois par erreur), mais des habitants eux-mêmes. Le commandeur les aide certes financièrement, mais ils se chargent eux-mêmes de l’ouvrage. Pour celui-ci, ils font appel à un maçon de Saint-Beauzély de Lévézou, Dordé Alaus.
Cet effort leur assure la tranquillité. La paix revenue, Sainte-Eulalie connaît une période de prospérité. Comme décimateur et comme seigneur temporel, le commandeur perçoit les revenus d’une activité assez intense. Il ne réside plus. Deux chevaliers, assurent la présence de l’ordre, l’un faisant fonction de curé. Autour d’eux, notaire, juge, intendant veillent à la bonne marche des affaires et de la société. En 1491, il n’y a plus que treize domestiques, huit bœufs de labour seulement au lieu des 22 de 1308. Le cheptel a diminué... En fait, les Hospitaliers préfèrent une gestion indirecte, par fermage. Et puis, la commanderie du Larzac a perdu de son importance politique.
Dans le cours du XVIe siècle, le Rouergue donne encore un grand maître à l’ordre de Malte : Jean de La Valette Parisot, créateur à Malte d’une cité nouvelle qui porte son nom († 1568).
A la même époque, les Guerres de Religion ramènent l’insécurité sur le plateau. En novembre 1562, les protestants passent à Sainte-Eulalie, Lapanouse de Cernon, Cornus et La Pezade, enlevant tout le bétail qu’ils rencontrent sur leur passage. Ils sont de nouveau à Sainte-Eulalie en mars 1575 et s’en emparent par surprise. Quand les guerres reprennent au début du XVIIe siècle, la place sert de refuge à l’évêque de Vabres (1625).
Sous l’Ancien Régime, alors que le rôle de Sainte-Eulalie est de plus en plus réduit, la commanderie fait l’objet de diverses attentions : Jean de Bemuy-Villeneuve, bailli de l’Aigle, sénéchal de Malte et commandeur de Sainte-Eulalie (1638-1648) fait exécuter les peintures dans l’escalier et dans la galerie du château. Il fait construire une belle fontaine jaillissante (un griffoul) au milieu de la place ombragée de platanes. Pour que la population ne contourne ni ne traverse le château, il fait inverser l’église, et perce la grande porte dans le chevet. Au-dessus de l’entrée, une niche abrite une statue de Notre-Dame, en marbre qui aurait été sculptée à Gênes. La domesticité, qui était précédemment réduite, comprend de nouveau une vingtaine de personnes. Les successeurs du bailli de l’Aigle font divers aménagements. Des gens passent et séjournent : les curieux graffiti que l’on trouve dans une embrasure reproduisent des églises orientales et des bateaux et donnent des noms et des dates et même une inscription grecque rappelant : « la nécessité ». Le rôle maritime et oriental de Malte trouve ici, en terre rouergate, un écho inattendu.
Le dernier commandeur porte un grand nom : Jean-Antoine Joseph Elzear de Riqueti-Mirabeau, bailli de l’Ordre. Une plaque de marbre, gravée au nom des habitants de Sainte-Eulalie, fait ses louanges. Il a eu un mot célèbre et prophétique, souvent cité, qui s’adressait à son neveu, le futur tribun révolutionnaire : « méfiez-vous des révolutions !... » La grande cheminée du château, de 1776, date de son temps.
Au moment de la Révolution, l’activité de la communauté des habitants est suffisamment importante pour qu’elle puisse se nourrir et demeurer sur place : 5000 brebis (il n’y en aura plus que 3500 en 1885) et 270 bovins (220 en 1885) fournissent leurs produits et leur travail. La filature de coton pour les manufactures du Languedoc ou de Saint-Affrique fournit un appoint.

En 1793, Sainte-Eulalie devient Source Libre (la source est à 1 km en amont). Le château et les biens sont nationalisés et vendus aux enchères en fructidor an II. On dit que les archives auraient été brûlées en tas à cette époque-là. C’est vraisemblable, parce que les droits seigneuriaux étaient lourds et que la même main qui les percevait touchait aussi le produit de la dîme. Ce cumul était mal ressenti.
Eglise : Eglise Notre-Dame, romane (XIIIe s.) qui a été aménagée et transformée au cours des siècles : voûtes avec armes du commandeur de Reilhane ; le chœur a été percé d’une porte au XVIIe s. et l’église inversée. Vierge en marbre blanc (XVIIIe s.) au-dessus de l’entrée.
Chapelle N.-D. de Pitié ou de la Mère de Dieu : Destinée à recevoir les morts du Mas Trinquier et du Rouquet, avant leur sépulture ecclésiastique. Edifice du XVIe s. restauré en 1657, profané à la Révolution. Culte rétabli en 1830.
Château des Commandeurs : XII'-XVIII' s. Vestiges de mâchicoulis sur arcs (fin XIIe s.). Peintures murales du XVIIe s. (vers 1648), représentant des allégories (Charité, Espérance, Prudence...) et les donateurs.

Ecoles de garçons et de filles au XVIIIe siècle.
Fontaine monumentale du XVIIe s. (voir ci-dessus).
Remparts de 1442 (voir ci-dessus). » (Jean Delmas, 1997)

Santa-Aulària de Sarnon o del Larzac.

Photo

Vue générale
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

Localisation

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