Introduction
Vue générale, septembre 2006
« Très ancien lieu fortifié qui tire son nom d’une ou de plusieurs salles seigneuriales. Le comte de Rodez en possédait au moins une : en 1227, Jean, fil du comte, fait donation de ce qu’il a à Richard et Hugues de Rodez, ses frères. En 1237, Jean de Sévérac prétendait posséder un quart du château. L’évêque de Rodez s’y établit progressivement : d’abord après la guerre des Albigeois, ensuite en 1237 par achat de la Cour de Lévézou, portion du château, à B. de Lévézou. Nous aurions donc affaire au moins à quatre coseigneurs, en comprenant sur la liste la famille Guiral ou Guiral-Paret, attestée depuis le XIIe s. Un des plus importants était le seigneur de Lévézou, qui tirait son nom de la montagne voisine : sa part matérielle de Salles portait le nom de Lévézonnenque. Après cet achat, l’évêque acquit en 1282 l’église elle-même, qui avait été donnée en 1099 au chapitre de Rodez. Il n’est pas exclu qu’elle ait été une fondation de Saint-Géraud d’Aurillac, ce qui expliquerait son patronage. A partir de ce moment, l’évêque fit de Salles-Curan son séjour d’été et fortifia le lieu.
Le premier château épiscopal se trouvait peut-être à l’emplacement du presbytère. Il fut occupé un moment par le chef des routiers Rodrigue de Villandrado. Guillaume de La Tour, évêque de Rodez, fit rebâtir le château vers 1442-1452 (armoiries au-dessus de l’ancienne porte, qui a conservé sa herse). François d’Estaing, qui aimait cette résidence, y fit plusieurs aménagements (armes sur une cheminée) et obtint du roi François 1er, en 1528, l’établissement d’une nouvelle foire. Entre-temps, un collège de prêtres fut créé en 1456. Il contribua à attirer une bourgeoisie et des juristes qui latinisaient leur nom (Blanchi, Montibus, Bibalis, Fournialis, etc.).
Pendant les Guerres de religion, Salles-Curan devint une des places fortes de l’orthodoxie catholique, face à Millau, gagné par le protestantisme. Antoine de Vezins y tint une compagnie de deux cents hommes d’armes en 1572, et les bénédictines de l’Arpajonie de Millau y trouvèrent refuge.
Les Corneillan, évêques de Rodez, y séjournèrent. Bernardin de Corneillan y meurt en 1645 ; Jean-Armand de Tourouvre y meurt lui aussi en 1733. Mgr. de Grimaldi y séjourne en 1746-1770. Mgr. Champion de Cicé, évêque plus citadin, déclarait le château inhabitable neuf mois de l’année et il obtint l’autorisation du Roi de le démolir en 1779, mais, par chance, il ne trouva personne pour se charger de la démolition en échange des matériaux. Le château fut vendu comme Bien National en 1795 et adjugé à P. Girard et à Guillaume Capelle.
Ainsi que nous l’avons vu, le prieuré de Saint-Géraud de Salles était à la collation de l’évêque. Le chapitre collégial fondé par Guillaume de la Tour en 1456, tomba en décadence et fut supprimé en 1779.
L’église fut bâtie par Déodat Alaus, maçon de Saint-Beauzély à partir de 1452 remplaçant celle du Plo Salel. Vitraux de la fin du XVe s. Jubé et stalles aux armes de François d’Estaing, avec des miséricordes pittoresques (animaux, chevalier endormi, etc.). Epitaphe de Mgr. de Tourouvre mort en 1733. Confessionnal du début du XIXe s. Les lions placés en haut de l’escalier extérieur sont de 1552. L’église conserve quelques pièces remarquables : une Vierge en albâtre du XIVe s. (exposée en 1979 à l’exposition “Les Enfants du Rouergue” à Espalion), des statues de saints évêques, en bois (début et milieu du XVe s.), reliquaire-ostensoir, croix pédiculée (œuvre de l’orfèvre Chiro Rayronie, de Rodez) et monstrance du XVe s.
La ville renferme quelques belles maisons dont une du XVe s., à fenêtre d’angle, dite le Grenier des évêques (en face de l’église). Salles-Curan est la patrie de l’aquafortiste Eugène Viala (1859-1913), dont Marc Robert a fait la statue, en 1957. » (Jean Delmas, 1997)
Toponymes ayant un rapport avec sal (francique), château, salle de garde) : La Sala (ancien nom de Decazeville), Las Salas de Curanh, Salas-Comtals (Salles la Source), Salas-Corbatièrs, Sala Cros…
Las Salas de Curanh, setembre de 2006
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