Lo Drap
Introduction
Nous avons relevé plusieurs récits relatifs au Drap dans le canton où ce personnage semble toutefois moins populaire que dans d'autres régions. Cependant, il ne manque rien ici à sa propension légendaire à se réincarner dans toutes sortes d'êtres vivants ou de choses, ici en l'occurrence en lait ou en présure et en écheveau de laine.
Dans plusieurs traditions, le Drap est présenté comme un personnage proche de l'eau, quand il ne s'agit pas d'un être totalement aquatique. C'est souvent au bord des ruisseaux ou des rivières qu'il se manifeste. Ici, cette nature aquatique transparaît avec encore plus d'évidence dans la mesure où, pour se débarrasser de lui, il suffit de jeter à l'eau les objets dans lesquels il s'est incarné : le lait et la laine. (CORDAE)
Son
Georges FAU
né en 1930 à Gervais de Rodelle, décédé en 2011.
Transcription
Occitan
Français
“Ten aquò i es ! Aquò’s lo Drap que nos a fotut un missant malastre !”
Prenián un litre de lach e l’anavan vojar dins lo riu lo pus pròche. E apièi tornava calhar, e apièi aquò marchava.
Un còp, ma grand-maire me sovène que, mès ieu ère pichinèl, fasiá un tricòt. Jamai, quand arribava a-n-aquel afaire per far de tressas, tot se tornava desfar. E diguèt :
“Aquò's lo Drap que me fa qualque afaire.”
Fa(gu)èt un escaut de lana e l’anèt desrotlar al riu, l’estaquèt a-z-una bròca e seguèt lo riu pendent cinc o sièis cents mèstres amb aquela lana e la daissèt dins l’ai(g)a. E pièi tornèt far son tricòt e lo tricòt marchèt. »
“Tiens ça y est ! C'est le Drap qui nous a foutu un mauvais malheur !”
Ils prenaient un litre de lait et ils allaient le vider dans le ruisseau le plus proche. Et puis il caillait à nouveau, et puis ça marchait.
Une fois, je me souviens que ma grand-mère, mais j'étais tout petit, elle faisait un tricot. Jamais, quand elle arrivait à l'endroit où faire des tresses, tout se défaisait. Et elle dit :
“C'est le Drap qui me fait quelque tour.”
Elle fit un écheveau de laine et elle alla le dérouler au ruisseau, elle l'attacha à une branche et elle suivit le ruisseau pendant cinq ou six cents mètres avec cette laine et elle la laissa dans l'eau. Et puis elle refit son tricot et le tricot marcha. »