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Introduction

Le personnage de Jean Grin qui, dit-on, mangeait le foie des enfants, est resté dans la tradition orale du Causse noir et de la région de Peyreleau.

Ce témoignage fait songer aux récits évoquant les prêtres réfractaires.

De 1790 au Concordat de 1801 (Napoléon), les prêtres sont amenés à prêter serment à la Constitution civile du clergé. Ils sont alors appelés prêtres jureurs ou assermentés, par opposition aux prêtres insermentés ou réfractaires. Les prêtres jureurs étaient rejetés par la population. On les qualifiait d’intrus.

En Rouergue, près de 700 prêtres réfractaires furent mis en réclusion à Rodez. Environ 500 d’entre eux seront déportés. Quelques-uns furent guillotinés.

Beaucoup de prêtres réfractaires ont échappé à la déportation avec le soutien de la population, se cachant dans les bois en cas d’alerte et y célébrant parfois le culte, d’où leur surnom occitan de bartassièrs.

Vidéo

© Institut occitan de l'Aveyron - Réalisation Amic BEDEL

Etienne CARTAYRADE

né en 1929 à La Combe de Saint-André de Vézines, décédé en 2020.

Transcription

Occitan
Français
« Joan Grin, aquò èra un curat desfrocat. Èra un ancien curat de Vairau. Sai pas de que s'èra passat enlai a Vairau e la poliça… Aquò èra abans la Revolucion. La poliça roiala lo venguèt quèrre e lo metèron en preson a Rodés. E pièi, de Rodés, siaguèt transferat a Bordèus.
Quand siaguèt liberat, mès d'annadas e d'annadas après, tornèt e i aviá dejà un curat a Vairau. Se disputèron un pauc la plaça, enfin pièi calguèt que l'evesque vengue metre d'òrdre.
Alara arrutiguèt (?) aquí, se metèt aquí dins una bauma en anent dau Peiralèu, aquí, e i visquèt aquí.
Fasiá paur al monde. Disián qu'aviá tuat d'enfants mès aquò o avèm pas vist. M'enfin urlava la nuèch, urlava a la mòrt, alara aquò efreiava lo monde. Passava apr'aquí d'una bòria a l'autra per demandar un croston de pan.
E ben nos disián que manjava los enfants mès manjava pas que lo fetge, nos disián. Los tuava, sortissiá lo fetge, manjava lo fetge e laissava lo còrs sus plaça. Mès aquò, aquò m'estonariá qu'aquò siaguèsse vrai, sai pas !
Aicí disèm “vrai”, vautres disètz “vertat”, non ? »
Jean Grin
« Jean Grin, c'était un curé défroqué. C'était un ancien curé de Veyreau. Je ne sais pas ce qui s'était passé là-bas à Veyreau et la police… C'était avant la Révolution. La police royale vint le chercher et ils le mirent en prison à Rodez. Et puis, de Rodez, il fut transféré à Bordeaux.
Quand il fut libéré, mais bien des années après, il revint et il y avait déjà un curé à Veyreau. Ils se disputèrent un peu la place, enfin il fallut qu'ensuite l'évêque vienne mettre de l'ordre.
Alors il s'abrita, il se mit dans une grotte en allant vers Peyreleau, là, et il y vécut.
Il faisait peur aux gens. Ils disaient qu'il avait tué des enfants mais ça nous ne l'avons pas vu. Mais enfin il hurlait la nuit, il hurlait à la mort, alors ça effrayait les gens. Il passait par là d'une ferme à l'autre pour demander un croûton de pain.
Eh bien ils nous disaient qu'il mangeait les enfants mais il ne mangeait que le foie, nous disaient-ils. Il les tuait, il sortait le foie, il mangeait le foie et il laissait le corps sur place. Mais ça, ça m'étonnerait que ce soit vrai, je ne sais pas !
Ici nous disons vrai, vous vous dites vertat, non ? »

Localisation

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