La cançon en patoès

Collecté en 2002 Sur les Communes de Montsalès, Villefranche-de-Rouergue Voir sur la carte
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Introduction

Les enfants nés au début du XXe siècle arrivaient souvent à l'école parfaitement occitanophones mais peu ou pas du tout francophones. Ils étaient alors punis quand ils parlaient leur langue maternelle. On leur pendait un sabot autour du cou pour les humilier. L'autre méthode très efficace était celle du sinhal. Quand un enfant parlait occitan, le maître lui donnait un objet en bois appelé sinhal. Celui qui détenait le sinhal en fin de journée était puni. Pour se débarrasser de cet objet, les écoliers devaient dénoncer l'un de leur camarade qui s'était exprimé dans la langue interdite.

Progressivement, sur trois ou quatre générations, le territoire perdit sa langue occitane.

Certains enseignants respectaient cependant cette langue et l'utilisaient même parfois pour aider les enfants à apprendre le français.

Vidéo

© Institut occitan de l'Aveyron - Réalisation Amic BEDEL

Paulin BELVÈZE

né en 1931 à Montsalès, décédé en 2024.

Transcription

Occitan
Français
« Nautres aicí, aviam la memè, tota sa vida aviá parlat patoès, mon paire atanben, ma maire atanben. Coneissiam pas un mòt de francés, pas un mòt. Amont èran pus modèrnes, lo monde, los vesins lor parlavan francés, tot lo monde parlava francés. A la campanha, aicí, los vesins parlavan patoès. Èra la mòda.
Fa que i metèrem ben un an per ratrapar lo retard, se(g)urament !
Apelàvem l'institutriça la Maseta. S'apelava Mademoiselle Mazet. Aquò's per aquò que l'apelàvem la Maseta, èra pas pus maseta que ieu !
Un jorn demandèt a mon fraire se sabiá cantar e li di(gu)èt :
“Oui, ne coneissi una !
– E ben, chante-la, çò li fa(gu)èt, canta-la.”
E se metèt a cantar :
“Lo curè de La Capelle,
Ditz que mangèssem pas de rasims,
Se voliam pas cagar a la cufèla.”
Per el aquò èra la cançon… Aquò fa(gu)èt rire la mestressa. »
La chanson en patois
« Nous ici, notre mémé avait parlé patois toute sa vie, mon père aussi, ma mère aussi. Nous ne connaissions pas un mot de français, pas un mot. En haut, ils étaient plus modernes, les gens, les voisins leur parlaient français, tout le monde parlait français. À la campagne, ici, les voisins parlaient patois. C'était la mode.
Cela fait que nous y mîmes bien un an pour rattraper le retard, sûrement !
Nous appelions l'institutrice la Mazette. Elle s'appelait Mademoiselle Mazet. C'est pour ça qu'on l'appelait la Mazette, elle n'était pas plus mazette que moi !
Un jour, elle demanda à mon frère s'il savait chanter et il lui dit :
“Oui, j'en connais une !
– Eh bien, chante-la, lui fit-elle, chante-la.”
Il se mit à chanter :
“Le curé de La Capelle,
Nous dit de ne pas manger de raisins,
Si nous ne voulions pas chier des peaux.”
Pour lui c'était la chanson… Cela fit rire la maîtresse. »

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