Vue générale, novembre 2003

Collecté en 2003 Sur la Commune de Millau Voir sur la carte
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Introduction

Vue générale, novembre 2003

Millau (Milhau) sera une ville huguenote, Villefranche de Rouergue (Vilafranca) une ville royaliste et Rodez (Rodés) sera ligueuse.

« Il n’est pas question de dresser ici une histoire détaillée de la ville de Millau. Nous renvoyons les amateurs aux travaux de l’abbé Rouquette, de Jules Artières, de Georges Girard, de Robert Ardourel, de l’abbé Hermet, de Louis Balsan, d’Alain Vernhet, de Louis Bernad, de Jacques Frayssenge, aux chroniques de l’abbé P.-E. Vivier et au beau livre Un siècle d’images millavoises (1973).
A l’époque gallo-romaine, une ville de marché, Condatomagos, était établie au confluent du Tarn et de la Dourbie. Les ateliers de céramique sigillée de La Graufesenque, sur la rive gauche du Tarn, apparaissent sous Auguste entre 5 avant et 5 après J.-C., en même temps qu’à Montans (département du Tarn), mais avant les ateliers du Rozier et de Banassac (Lozère). A Millau, d’autres officines existaient dans le quartier du Rajol. Leur production dura jusque sous Antonin-le-Pieux. Ensuite, un atelier au Roc (ouest de Millau) prit le relais (IIIe siècle). La grande période de La Graufesenque correspond au premier siècle de notre ère et au début du second. Condatomagos aurait été détruit à la fin du IIIe siècle.
La ville se reforma sous le nom de Millau (Amiliavum). Ce nom apparaît en 875. C’était alors le siège d’une viguerie. Au milieu du Xe siècle, elle était le chef-lieu d’une vicomté à laquelle était rattachée la vicomté de Gévaudan (Bernard, vicomte en 916-937). En 1070, le vicomte Bérenger II donna l’église N.-D. de l’Espinasse à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Son fils, le vicomte Gilbert fonda en 1108 sur le Larzac l’Hôpital-Guibert (L’Hospitalet) et sans doute peu après l’hôpital de Millau. Vers 1095, il s’était marié avec Gerberge, héritière du comté de Provence. Leur fille, Douce, épousa en 1112 Raymond Bérenger, comte de Barcelone. Ce dernier se trouva donc par cette alliance à la tête d’un vaste domaine. Mais ses fils le partagèrent de nouveau : le cadet Bérenger-Raymond eut Millau, le Gévaudan et la Provence. Son fils, Raymond-Bérenger II, fut placé sous la tutelle de son oncle le comte de Barcelone, qui était devenu roi d’Aragon. Ce dernier donna aux Templiers Sainte-Eulalie du Larzac, en 1158, alors qu’il exerçait sa tutelle. Raymond-Bérenger II n’ayant pas eu de descendance mâle, son domaine passa à la mort de sa fille Douce (1172) à Alphonse, roi d’Aragon, qui le confia à son frère Sanche, de son vivant (1181), puis à son fils cadet Alphonse, qui n’était alors âgé que de trois ans. Pierre II lui succéda et joignit en 1204 à son royaume la seigneurie de Montpellier, en épousant Marie de Montpellier. Il confirma les privilèges de Millau et de Notre-Dame, fonda l’hôpital de Saint-Esprit. Il alla se faire couronner à Rome par le pape Innocent III. Les frais occasionnés étaient tels, qu’il dût engager les vicomtés de Millau et de Gévaudan au comte de Toulouse Raymond VI.
A cause de la guerre des Albigeois, la vicomté de Millau fut confisquée et confiée à l’évêque de Mende (1209). Pierre II mourut à la bataille de Muret, qui l’opposa à Simon de Montfort. Jacques Ier d’Aragon, son fils, récupéra en 1217 la vicomté, mais Raymond VII de Toulouse s’en empara en 1222. Le traité de Paris, sept ans plus tard, confirma à celui-ci la possession de la vicomté de Millau, tandis que le roi de France mettait définitivement la main sur le Gévaudan. Raymond VII, dernier comte de Toulouse, mourut à Millau des suites d’une fièvre le 27 septembre 1249. Ses restes furent ramenés à Toulouse en grande pompe.
En raison de leur attitude loyale, les Millavois avaient obtenu du roi de France des privilèges importants. Le successeur de Raymond VII, Alphonse de Poitiers, laissa à la ville une grande autonomie. Nous en avons déjà parlé. A la mort d’Alphonse, Millau fut réuni à la couronne de France (1271). Mais en 1362, le Rouergue fut cédé au roi d’Angleterre par le traité de Brétigny.
Les Anglais confirmèrent les privilèges de Millau et encouragèrent son activité commerciale, si bien qu’en 1369, au contraire des Compeyrols, les habitants de cette ville hésitèrent à repasser sous la domination française et consultèrent même des juristes de l’université de Bologne. Mais le roi de France avait le droit avec lui. Les Anglais furent expulsés en 1369-1370. Ce ne fut pas la fin des peines millavoises : Anglais et routiers parcouraient le pays et semaient la terreur (1372 à 1390). En outre, les épidémies faisaient leur ravage, comme la grande peste de 1361, la famine sévissait, les impôts s’alourdissaient, pour soutenir la guerre. L’économie millavoise en prit un coup.
Les mouvements de populations ne cessaient point : gens en voyage et marchands parcouraient le pays. En 1416, l’illustre prédicateur Vincent Ferrier fut invité par la ville. En 1429, six jours seulement après la délivrance d’Orléans, deux marchands apprirent aux Millavois les merveilles que faisait Jeanne d’Arc. Le XVe siècle fut occupé par les conflits de la ville avec les Armagnac, vicomtes de Creissels, qui voulaient l’assujettir, avec Jean d’Armagnac, capitaine général des guerres en Guyenne et Languedoc, qui avait besoin d’argent, et avec Jean de Foix, vicomte de Narbonne.
En 1561, la ville passa au protestantisme avec à sa tête Raymond de Montcalm, prieur de l’Espinasse. Elle devint alors une des capitales du protestantisme méridional et abrita, en juillet-août 1575, l’assemblée générale des calvinistes du Midi. Les combats se déchaînèrent autour d’elle. En 1627 encore, elle fut un des points d’appui de la révolte de Rohan (siège de Creissels en 1628).
La paix revint et se maintint jusqu’à la Révolution. Le commerce et l’industrie reprirent leur essor, entre les mains des protestants, jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes. Au XVIIIe siècle, la ville s’ouvrit : des boulevards remplacèrent les remparts ; des quais, un hôpital général (1725) et un lavoir furent construits. Millau connut la vie brillante, policée et cultivée du siècle de Louis XV : à la Révolution, le maire de Millau était le philosophe Louis de Bonald. Il le resta jusqu’en juillet 1790.
Millau retrouva son activité sous la Restauration : l’éclairage fut installé, le pont Lerouge, qui remplaça le Pont-Vieux, fut édifié en 1821, l’hospice fut construit en 1824, une salle d’asile fut ouverte en 1839. Les courbes économiques et démographiques culminèrent sous le Second Empire (Achille Villa, banquier, maire de 1855 à 1865) et au début de la IIIe République : de 9 357 habitants en 1846, la ville passa à 18 754 en 1896. De nouveaux édifices furent élevés : la sous-préfecture en 1866, l’église du Monna, l’église Saint-François (1868-1873), le collège (1869), le temple protestant, la gare (1874). Sous les municipalités Sully Chaliès de nouveaux aménagements furent réalisés. Le monde ouvrier connut aussi ses premières grèves (1869). » (Jean Delmas, 2003)

Milhau, novembre de 2003

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Vue générale, novembre 2003
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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