Las linhas
Introduction
Les enfants nés au début du XXe siècle arrivaient souvent à l'école parfaitement occitanophones mais peu ou pas du tout francophones. Ils étaient alors punis quand ils parlaient leur langue maternelle.
Vidéo
© Institut occitan de l'Aveyron - Réalisation Amic BEDEL
Léona CROS
née Cayre en 1911 à Lespinassole de Crespin, décédée en 2006.
Transcription
Occitan
Français
« Mès compreni que vòl saber s'aviás de dificultats, s'agères de dificultats per aprene lo francés ?
– Mès non ! Perque, sans me vantar, encara èri pro desgordida del cap, pro inteligenta, que passèri lo certificat a dotze ans.
Èrem retenguts après l'escòla e tantas de linhas. Amai caliá pas bojar perque n'aviam autant… Rigolavan pas e escotàvem perque lo mèstre, enfin la mèstra, aviam de mèstras, èra pas mesclat un còp èra, cadun son dacòs…
Nos caliá pas falsar a l'ostal que sia(gu)èssem punits.
“A ?, nos disián, siás estat punit ? Mas qu'aquò te meritavas ! N'as qu'a far la punicion, se ne vòls pas autant !”
Caliá baissar, caliá escotar o si que non sabiam çò que nos esperava. Rigolavan pas cap de tot. »
– Mès non ! Perque, sans me vantar, encara èri pro desgordida del cap, pro inteligenta, que passèri lo certificat a dotze ans.
Èrem retenguts après l'escòla e tantas de linhas. Amai caliá pas bojar perque n'aviam autant… Rigolavan pas e escotàvem perque lo mèstre, enfin la mèstra, aviam de mèstras, èra pas mesclat un còp èra, cadun son dacòs…
Nos caliá pas falsar a l'ostal que sia(gu)èssem punits.
“A ?, nos disián, siás estat punit ? Mas qu'aquò te meritavas ! N'as qu'a far la punicion, se ne vòls pas autant !”
Caliá baissar, caliá escotar o si que non sabiam çò que nos esperava. Rigolavan pas cap de tot. »
Les lignes
« Mais je comprends qu’il veut savoir si tu avais des difficultés, si tu eus des difficultés pour apprendre le français ?
– Mais non ! Parce que, sans me vanter, j’étais encore assez dégourdie de la tête, assez intelligente, car je passai le certificat à douze ans.
Nous étions retenus après l’école et tant de lignes. Et il ne fallait pas bouger parce que nous en avions autant... Ils ne rigolaient pas et nous écoutions parce que le maître, enfin la maîtresse, nous avions des maîtresses, ce n’était pas mixte autrefois, chacun son truc...
Il ne fallait pas avouer à la maison avoir été punis.
“Ah ?, nous disaient-ils, tu as été puni ? Mais c’est que tu le méritais ! Tu n’as qu’à faire la punition, si tu n’en veux pas autant !”
Il fallait baisser la tête, il fallait écouter ou sinon nous savions ce qui nous attendait. Ils ne rigolaient pas du tout. »
« Mais je comprends qu’il veut savoir si tu avais des difficultés, si tu eus des difficultés pour apprendre le français ?
– Mais non ! Parce que, sans me vanter, j’étais encore assez dégourdie de la tête, assez intelligente, car je passai le certificat à douze ans.
Nous étions retenus après l’école et tant de lignes. Et il ne fallait pas bouger parce que nous en avions autant... Ils ne rigolaient pas et nous écoutions parce que le maître, enfin la maîtresse, nous avions des maîtresses, ce n’était pas mixte autrefois, chacun son truc...
Il ne fallait pas avouer à la maison avoir été punis.
“Ah ?, nous disaient-ils, tu as été puni ? Mais c’est que tu le méritais ! Tu n’as qu’à faire la punition, si tu n’en veux pas autant !”
Il fallait baisser la tête, il fallait écouter ou sinon nous savions ce qui nous attendait. Ils ne rigolaient pas du tout. »
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