Ieu me'n vau al cièl…
Introduction
Après les moissons, on dressait le gerbier (plonjon) près de l'aire de battage (sòl, aira).
Les fermes disposaient en général de leur propre aire de battage pavée mais, dans les villages, il pouvait y avoir un sòl commun.
Dans les temps anciens, on battait le grain à la latte (lata, pèrga) d’origine celtique ou au fléau (flagèl) d’origine latine, mais dans certains secteurs comme ici, on dépiquait par piétinement (calcar, caucar, chaupir). Après, il fallait nettoyer le grain avec un tarare (ventaire, ventador).
Un mimologisme est la transcription d'une imitation d'êtres vivants (animaux…) ou de choses animées (moulins…).
Paul met ici des paroles sur le son émis par des tararessur l'aire à battre de La Renda (la rente) à Saint-André de Vézines.
Vidéo
Paul BRUDY
né en 1926 à Mont-Méjan de Saint-André de Vézines, décédé en 2019.
Transcription
Occitan
Français
Alara fasiam aquò al molin, a la man. Alara aqueles molins, chacun aviá son son.
Alara n'i a un que fasiá :
“Ieu me'n vau al Cièl,
Ieu me'n vau al Cièl,
Ieu me'n vau al Cièl !”
E l'autre a costat fasiá :
“Encara li siás pas,
Encara li siás pas,
Encara li siás pas,
Encara li siás pas !”
Ça c'est une invention à nous, ça ! »
« Ah… le tarare… Vous savez, autrefois il n'y avait pas de batteuses pour dépiquer et ils s'entendaient, ils dépiquaient sur une aire à battre, une aire qui était commune. Chacun avait son petit tas et le soir tout le monde dépiquait. Puis le soir, il fallait nettoyer le grain, il fallait nettoyer le grain.
Alors nous faisions ça au moulin, à la main. Alors ces moulins, chacun d'eux avait sa sonorité.
Alors il y en avait un qui faisait :
“Moi je m'en vais au Ciel,
Moi je m'en vais au Ciel,
Moi je m'en vais au Ciel !”
Et l'autre à côté faisait :
“Encore tu n'y es pas,
Encore tu n'y es pas,
Encore tu n'y es pas,
Encore tu n'y es pas !”
Ça c'est une invention à nous, ça ! »