Las trèvas (Quand ère viu…)

Collecté en 1994 par CORDAE Sur les Communes de Coubisou, Espalion, Estaing Voir sur la carte
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Introduction

Parmi les êtres fantastiques et les esprits familiers qui composaient la cosmologie des habitants de cette région du nord-Aveyron, les trèvas (revenants) occupaient le devant de la scène.

On les définit généralement comme des âmes du Purgatoire en souffrance sollicitant des prières ou des messes auprès des vivants. Plus rarement certaines pouvaient s'apparenter aussi à des esprits malfaisants venant tourmenter les humains.

Les âmes du Purgatoire, lorsqu'elles réclamaient des messes pouvaient se manifester de plusieurs façons. Les enfants, plus précisément les nouveaux-nés, constituaient fréquemment la proie des revenants tel ce nouveau-né déplacé chaque nuit par une main mystérieuse de son berceau sur le rebord d'une fenêtre.

Selon plusieurs de nos informateurs, l'angélus aurait été institué afin d'éloigner les esprits familiers, trèvas, ou Drac.

D'aucuns pouvaient se déguiser en trèvas afin de jouer une farce à des amis ou des voisins, ou bien pour éloigner un voleur, comme c'est ici le cas.

Cette histoire bien localisée dans cette version est extrêmement commune et se retrouve dans de nombreuses régions. (CORDAE)

Son

Julie ROMIEU

née Bélières en 1913 à Nadaillac de Coubisou.

Transcription

Occitan
Français

« Al ras d’Espaliu, amont, i a un cementèri que s’apèla Pèrsa.
E alara a Pèrsa i aviá un òrt que i aviá un perièr, de peras qu’èran bonas ! Mès que aquel perièr, n’i a que las coneissián aquelas peras e anavan las li panar. Alara aquel òme s’apelava Colet e un còp s’entendèt amb un altre vesin. Li di(gu)èt :
“Ten, li cal far paur a-n-aquel que nos pana las peras.”
E s’entendèron.
Alara, coma amont al ras de Pèrsa atanben i a un rivatèl, i a un pichon riu que va rejoindre z'Òlt aval, pardí, e alara s’èran deguisats amb un drap per far las trèvas e rabalavan un cadeç per aquel riu de Pèrsa, e alara entre elses se parlavan. E alara esperavan que l’altre venguèssa a l’òrt per panar las peras. Alara elses, n’i aviá un qu’èra sus l’aure e l’altre qu’èra dins lo riu, que rabalava dels cadeces dins lo riu.
Alara entre elses se fasián :
“E… End vas tu ?”
Fasián las armas del cementèri, perque èran al ras del cementèri :
“End vas tu, armeta damnada ? Qué fas tu, arma damnada ?
– E ben quand ère viu,
Trevave pels rius,
Ara que soi mòrt,
Trève pels òrts !
– A !
– E ben tu que siás mòrt lo premièr,
Davala-me aquel de sul perièr !”
Alara l’altre qu’èra sul perièr per amassar las peras, ò ! fotèt un salt per tèrra. Se copèt una camba ! »

« Près d'Espalion, là-haut, il y a un cimetière qui s'appelle Perse.

Et alors à Perse il y avait un jardin où il y avait un poirier, des poires qui étaient bonnes ! Mais ce poirier, il y en avait qui les connaissaient ces poires et ils allaient les lui voler. Alors cet homme s'appelait Coulet et une fois il s'entendit avec un autre voisin. Il lui dit :

“Tiens, il faut lui faire peur à celui qui nous vole les poires.”

Et ils s'entendirent.

Alors, comme là-haut près de Perse il y a aussi un petit ruisseau qui va rejoindre le Lot en bas, pardi, et alors ils s'étaient déguisés avec un drap pour faire les revenants et ils traînaient une chaîne dans ce ruisseau de Perse, et alors ils se parlaient. Et alors ils attendaient que l'autre vienne au jardin pour voler les poires. Alors eux, il y en avait un qui était sur l'arbre et l'autre qui était dans le ruisseau, qui traînait des chaînes dans le ruisseau.

Alors ils se faisaient :

“Eh... Où vas-tu, toi ?”

Ils faisaient les âmes du cimetière, car ils étaient à côté du cimetière :

“Où vas-tu, petite âme damnée ? Que fais-tu, âme damnée ?

– Eh bien quand j'étais vivante,

Je hantais les ruisseaux,

Maintenant que je suis mort,

Je hante les jardins !

– Ah !

– Eh bien toi qui est mort le premier,

Descends-moi de sur ce poirier !”

Alors l'autre qui était sur le poirier pour ramasser les poires, oh ! il fit un saut par terre. Il se coupa une jambe ! »

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Localisation

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