Lo mèstre e lo patoès / Un ponh…
Introduction
Les enfants nés au début du XXe siècle arrivaient souvent à l'école parfaitement occitanophones mais peu ou pas du tout francophones et ils étaient punis quand ils parlaient leur langue maternelle, l'occitan. On leur suspendait parfois un sabot autour du cou pour les humilier.
L'autre méthode très efficace était celle du sinhal. Quand un enfant parlait occitan, le maître lui donnait un objet en bois appelé sinhal. Celui qui détenait le sinhal en fin de journée était puni. Pour se débarrasser de cet objet, les écoliers devaient dénoncer l'un de leur camarade qui s'était exprimé dans la langue interdite.
Certains enseignants respectaient cependant cette langue et l'utilisaient même parfois pour aider les enfants à apprendre le français.
L'emploi du mot “patois” était général pour désigner toute langue parlée sur le territoire français autre que la langue française. Ce terme péjoratif fut pourtant adopté par des populations auxquelles personne n'avait jamais expliqué l'origine véritable de l'idiome qu'elles employaient au quotidien.
Pendant la récréation ou à la sortie de l’école, on pratiquait toutes sortes de jeux universels ou traditionnels comme passa-cotelon (jeu de la savate), barras (le prisonnier) ou la truèja appelée aussi maura (ancêtre du golf). Pour former les équipes, on avait recours à des comptines.
Vidéo
Albert FAGEGALTIER
né en 1922 à Brazac de Colombiès, décédé en 2010.
Transcription
Occitan
Français
Se i aviá lo mèstre, comptàvem :
“Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf,
Dix,
Onze,
Douze,
Tou…, lou…, se.”
Mès, tanlèu que lo mèstre virava l’esquina :
“Un ponh,
Ciron,
Caron,
Fulha,
Mulha,
Ten,
Tin,
Cloc,
Vai-te'n tu !” »
« À l'école, nous n'avions pas le droit de parler en patois.
Si le maître était là, nous comptions :
“Un,
Deux,
Trois,
Quatre,
Cinq,
Six,
Sept,
Huit,
Neuf,
Dix,
Onze,
Douze,
Tou…, lou…, se.”
Mais, dès que le maître tournait le dos :
“Un poing,
Cirou,
Carou,
Fulia,
Mulia,
Tain,
Tin,
Clouc,
Va-t’en, toi !” »