Lo curat bartassièr d'Estalana
Introduction
De 1790 au Concordat de 1801 (Napoléon), les prêtres sont amenés à prêter serment à la Constitution civile du clergé. Ils sont alors appelés prêtres jureurs ou assermentés, par opposition aux prêtres insermentés ou réfractaires. Les prêtres jureurs étaient rejetés par la population. On les qualifiait d’intrus.
En Rouergue, près de 700 prêtres réfractaires furent mis en réclusion à Rodez. Environ 500 d’entre eux seront déportés. Quelques-uns furent guillotinés.
Beaucoup de prêtres réfractaires ont échappé à la déportation avec le soutien de la population, se cachant dans les bois en cas d’alerte et y célébrant parfois le culte, d’où leur surnom occitan de bartassièrs.
Ethnotexte
Marcelle POUDEROUX
née en 1908 à Estalane de Castelnau-Pégayrols.
Transcription
Occitan
Français
« Una familha aviá estremat lo curat de la paroessa d’Estalana e i fasián gardar las fedas. Aviá un estremador.
Un jorn, èra al ras del fuòc, abilhat en pastre, quand dintrèt un inspectur. Alara la patrona agèt lèu comprés e li diguèt :
“De qué fas aquí tu, pastre ? Vai t'en far ton trabalh !”
Siaguèt sauvat coma aquò. »
« Une famille avait caché le curé de la paroisse d'Estalane et ils lui faisaient garder les brebis. Il avait une cachette.
Un jour, il était près du feu, habillé en berger, quand entra un inspecteur. Alors la maîtresse de maison eut vite compris et dit :
“Que fais-tu là, berger ? Va-t'en faire ton travail !”
Il fut sauvé comme ça. »