Permets-moi belle meunière…
Introduction
Ces dialogues chantés entre une personne de rang élevé et une jeune femme de modeste extraction sont appelés pastorèlas. "Gentille pastourelle" est la plus répandue dans la région.
Toutes révèlent la situation diglossique de l'occitan par rapport au français, mêlée à un conflit de classes. Le seigneur s'adresse à la jeune femme en français. Il veut l'emmener, lui inculquer les bonnes manières et lui faire connaître le beau monde. La jeune femme, ici une meunière, lui répond en occitan et préfère rester dans son moulin.
Vidéo
© Institut occitan de l'Aveyron - Réalisation Amic BEDEL
Odette VIDALENC
née Lacarrière en 1931 à Saint-Maur des Fossés (94), décédée en 2015.
Transcription
Occitan
Français
« Permets-moi, belle meunière,
Qu'en traversant la rivière,
J'suis entré dans ton moulin,
Car j'ai perdu mon chemin.
Toute la journée entière,
J'ai côtoyé la rivière,
Mes chiens se sont égarés,
Je ne puis les retrouver.
– Mossur fòrt pauc m'embarrassa,
Que vos veniatz de la caça,
Vos podiatz vos amusar,
Laissatz-me moldre mon blat.
Se gaitatz aval lo rivatge,
Plus bas trobaretz un passatge,
Vos m'avètz lo nas tròp fin,
Per rintrar dins mon molin.
– Tu te trompes ma mignonne,
Ne crains rien en ma personne,
Car sur l'habit d'un chasseur,
Je suis un puissant seigneur.
Suis-moi, tu seras ma reine,
Mon soutien, ma souveraine,
Dans les plus brillants atours,
Tu paraîtras à la cour.
– Mossur, sètz un grand parlaire,
Mas ieu i ganhariái gaire,
Ieu soi nat dins aquel molin,
Mossur, sòrte pas d'aicí.
Aime mai mon Guilhaume,
Que, vautres, vòstre reialme,
Guilhaume es un bon garçon,
Mossur l'aime mai que vos.
– Ah ! ce lourdaud de village,
Dont tu vantes le courage !
Aurait-il charmé ton cœur ?
Ah ! reviens de ton erreur !
Je t'offre un sort plus aimable,
Bon vin, bon lit, bonne table,
Beaux bijoux et montre en or,
Et bien d'autres choses encor'.
– Mossur, cessatz aquel lengatge,
E contunhatz vòstre voiatge,
Se veniá lo garda-molin,
Poiriá bien vos faire sofrir !
E poiriá ben sens mistère,
E d'un aire fòrça bèdre,
Vos foitar lo pè al cuol,
E vos far passar lo riu. »
Qu'en traversant la rivière,
J'suis entré dans ton moulin,
Car j'ai perdu mon chemin.
Toute la journée entière,
J'ai côtoyé la rivière,
Mes chiens se sont égarés,
Je ne puis les retrouver.
– Mossur fòrt pauc m'embarrassa,
Que vos veniatz de la caça,
Vos podiatz vos amusar,
Laissatz-me moldre mon blat.
Se gaitatz aval lo rivatge,
Plus bas trobaretz un passatge,
Vos m'avètz lo nas tròp fin,
Per rintrar dins mon molin.
– Tu te trompes ma mignonne,
Ne crains rien en ma personne,
Car sur l'habit d'un chasseur,
Je suis un puissant seigneur.
Suis-moi, tu seras ma reine,
Mon soutien, ma souveraine,
Dans les plus brillants atours,
Tu paraîtras à la cour.
– Mossur, sètz un grand parlaire,
Mas ieu i ganhariái gaire,
Ieu soi nat dins aquel molin,
Mossur, sòrte pas d'aicí.
Aime mai mon Guilhaume,
Que, vautres, vòstre reialme,
Guilhaume es un bon garçon,
Mossur l'aime mai que vos.
– Ah ! ce lourdaud de village,
Dont tu vantes le courage !
Aurait-il charmé ton cœur ?
Ah ! reviens de ton erreur !
Je t'offre un sort plus aimable,
Bon vin, bon lit, bonne table,
Beaux bijoux et montre en or,
Et bien d'autres choses encor'.
– Mossur, cessatz aquel lengatge,
E contunhatz vòstre voiatge,
Se veniá lo garda-molin,
Poiriá bien vos faire sofrir !
E poiriá ben sens mistère,
E d'un aire fòrça bèdre,
Vos foitar lo pè al cuol,
E vos far passar lo riu. »
Permets-moi belle meunière…
« Permets-moi, belle meunière,
Qu'en traversant la rivière,
J'suis entré dans ton moulin,
Car j'ai perdu mon chemin.
Toute la journée entière,
J'ai côtoyé la rivière,
Mes chiens se sont égarés,
Je ne puis les retrouver.
– Monsieur fort peu m’embarrasse,
Que vous veniez de la chasse,
Vous pouviez vous amuser,
Laissez-moi moudre mon blé.
Si vous regardez là-bas le rivage,
Plus bas vous trouverez un passage,
Vous avez le nez trop fin,
Pour entrer dans mon moulin.
– Tu te trompes ma mignonne,
Ne crains rien en ma personne,
Car sur l'habit d'un chasseur,
Je suis un puissant seigneur.
Suis-moi, tu seras ma reine,
Mon soutien, ma souveraine,
Dans les plus brillants atours,
Tu paraîtras à la cour.
– Monsieur, vous êtes un beau parleur,
Mais je n’y gagnerai pas beaucoup,
Je suis née dans ce moulin,
Monsieur, je ne sors pas d’ici.
Je préfère mon Guillaume,
Que vous, votre royaume,
Guillaume est un bon garçon,
Monsieur, je l’aime plus que vous.
– Ah ! ce lourdaud de village,
Dont tu vantes le courage !
Aurait-il charmé ton cœur ?
Ah ! reviens de ton erreur !
Je t'offre un sort plus aimable,
Bon vin, bon lit, bonne table,
Beaux bijoux et montre en or,
Et bien d'autres choses encor'.
– Monsieur, cessez ce langage,
Et continuez votre voyage,
Si le garde-moulin venait,
Il pourrait bien vous faire souffrir !
Et il pourrait bien sans mystère,
Et d’un air très rude,
Vous mettre le pied au cul,
Et vous faire passer le ruisseau. »
« Permets-moi, belle meunière,
Qu'en traversant la rivière,
J'suis entré dans ton moulin,
Car j'ai perdu mon chemin.
Toute la journée entière,
J'ai côtoyé la rivière,
Mes chiens se sont égarés,
Je ne puis les retrouver.
– Monsieur fort peu m’embarrasse,
Que vous veniez de la chasse,
Vous pouviez vous amuser,
Laissez-moi moudre mon blé.
Si vous regardez là-bas le rivage,
Plus bas vous trouverez un passage,
Vous avez le nez trop fin,
Pour entrer dans mon moulin.
– Tu te trompes ma mignonne,
Ne crains rien en ma personne,
Car sur l'habit d'un chasseur,
Je suis un puissant seigneur.
Suis-moi, tu seras ma reine,
Mon soutien, ma souveraine,
Dans les plus brillants atours,
Tu paraîtras à la cour.
– Monsieur, vous êtes un beau parleur,
Mais je n’y gagnerai pas beaucoup,
Je suis née dans ce moulin,
Monsieur, je ne sors pas d’ici.
Je préfère mon Guillaume,
Que vous, votre royaume,
Guillaume est un bon garçon,
Monsieur, je l’aime plus que vous.
– Ah ! ce lourdaud de village,
Dont tu vantes le courage !
Aurait-il charmé ton cœur ?
Ah ! reviens de ton erreur !
Je t'offre un sort plus aimable,
Bon vin, bon lit, bonne table,
Beaux bijoux et montre en or,
Et bien d'autres choses encor'.
– Monsieur, cessez ce langage,
Et continuez votre voyage,
Si le garde-moulin venait,
Il pourrait bien vous faire souffrir !
Et il pourrait bien sans mystère,
Et d’un air très rude,
Vous mettre le pied au cul,
Et vous faire passer le ruisseau. »
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