Lo cabretaire e lo lop
Introduction
Nous possédons de nombreuses attestations de ce conte dans nos régions d'enquête.
Dans le Tarn, il concerne généralement un joueur de graile (hautbois des Monts de Lacaune) ou bien de craba (cornemuse de la Montagne Noire et du Sidobre). Il met aussi parfois en scène un joueur de violon, notamment à La Salvetat sur Agout (Hérault) ou un joueur de clarinette près de Castelnau-de-Montmiral.
Dans l'Aveyron, il a pour héros un joueur de cabrette dans la zone de jeu de cet instrument ou bien un joueur de violon ou d'accordéon dans cette même zone ou dans d'autres.
Au Portugal où nous avons souvent enquêté, il concerne un joueur de grosse caisse dans la Beira Baixa ou des joueurs de gaita, c'est-à-dire de cornemuse dans la région de Tras-os-Montes.
Ce récit est attesté dans une grande partie de l'Europe. Nous savons par ailleurs qu'il figurait dans certains livres de lecture français au début du siècle, et il paraît difficile de mesurer l'influence du conte écrit sur la tradition orale qui diffusait déjà largement le thème.
Nous retrouvons souvent dans ce récit les mêmes éléments intervenant chaque fois de façon récurrente : le musicien rentrant d'une noce avec son instrument et un bout de fouace, la neige et un ou plusieurs loups suivant le musicien. Pour s'en débarrasser, le musicien jette de la fouace puis joue de son instrument dont la sonorité aiguë met en déroute les bêtes sauvages.
Nous avons recueilli ce même récit en plus de dix exemplaires sur le canton. Il est parfois attribué à des musiciens connus, notamment à Joseph Lacan, cabretaire (grand-père de Raymond), à Pierre Fenayrou cabretaire à Castelnau de Mandailles, etc.
René Rey, de Castelnau de Mandailles, nous précisait à propos de ce conte : « I a totjorn la del musicien que jogava de la cabreta mès se cònta pertot aquela. »
Marie-Louise Girbal (Le Cayrol) connaît également ce récit que lui racontait son grand-père, avec pour héros un joueur de violon. (CORDAE)
Son
Joseph BOYER
né en 1904 à Verlac.
Transcription
Occitan
Français
E di(gu)èt :
“Cossí vas far, tu ? Tot en un còp te volarà dessús...”
Sabiá pas de qué ne far. Portava un pauc de fogassa. Totcòp li'n donava un bocin. Mès que la fogassa s’acabèt pièi, e lo lop totjorn lo seguiá. E totjorn se sarrava. Tot en un còp di(gu)èt :
“E mèrda !”
Se metèt a jo(g)ar de la cabra. Lo lop, quand ausiguèt aquel bruch, fotèt lo camp, anèt al Diables !
Pièi coma disiá :
“Podiái ben jogar de la cabra pus lèu, en plaça de li far manjar la fogassa !” »
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