Rivière Lot (Òlt), écluse (enclusa), ancien quai d'accostage et de chargement, au Port, mai 1995

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Introduction

Rivière Lot (Òlt), écluse (enclusa), ancien quai d'accostage et de chargement, au Port, mai 1995

La navigation La navigacion

Utilisé depuis le Moyen Age, voire depuis l’Antiquité, par flottaison ou pour la navigation sur une partie de son cours aux XVIIIe et XIXe siècles, la rivière Lot (Òlt rouergat) fit l’objet d’aménagements ou de projets pour étendre la période et la zone de navigabilité.

En 1552, le Lot est déclaré navigable, en Rouergue, sur 14 à 20 lieues depuis Entraygues sur Truyère (Entraigas) d’où partent 20 à 25 bateaux : « Dure ladite navigation et voiture par eau de la Saint-Michel jusqu’à la Saint- Jean. (...) Le Lot est navigable jusqu’à Cahors, les habitants y transportent du charbon de pierre, du bois merrain et des fromages et en rapportent du blé, du vin, du poisson salé et autre marchandise. Grand revenu, ainsi que quantité de vin qu’ils vendent aux habitants d’Auvergne, Gévaudan et autres circumvoisins. » (Extrait de Enquête, sur les commodités du Rouergue en 1552, par Jacques Bousquet, 1969)

En 1771, à Vernet le Haut, commune d'Asprières (Vernet lo- Naut, comuna d'Asprièiras) il y a un revendeur « qui fait construire des bâtaux pour descendre le charbon de pierre et le marain du côté de Cahors. » (Extrait de Etat du diocèse de Rodez en 1771, par Louis Lempereur, 1906)

La descente des gabares (gabarras) depuis Entraygues sur Truyère (Entraigas) se poursuivra jusqu’à la fin du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, quelques radeaux de merrain (tracas de mairam) partaient encore de Flagnac (Flanhac) ou de Saint-Parthem (Sant-Partem).
Des travaux furent réalisés entre 1835 et 1853 afin d’améliorer la navigabilité depuis Bouquiès (Boquièrs) pour l’embarquement du charbon et l’approvisionnement ou l’écoulement des productions de la verrerie de Penchot (Panchòt).
Selon les époques, l’aménagement du Lot consista à miner les rochers qui rendaient certains passages particulièrement dangereux (malpàs), à construire des barrages (paissièiras) munis d’écluses (enclusas) fermées par des poutres (tampas) ou des pertuis (passalis) et à établir des chemins de halage (camins de tira). Celui qui fut aménagé à partir d’Entraygues sur Truyère (Entraigas) n’a pas eu à remplir cette fonction et devint la route menant à Decazeville (La Sala).

Les bateaux Los batèus
Construits sur un chantier (bastièr), les bateaux étaient appelés selon leur configuration et leur destination : naus, gabarras, gabarròts, corals... La nef (nau, macau) désignait soit de gros transports d’une vingtaine de mètres de long, soit des bacs. Les gabarras ou codrilhons mesuraient environ 17 mètres, les macalets une quinzaine de mètres et, les gabarròts ou naviòls, 6 à 8 mètres. Les corals étaient soit des radeaux, soit des allèges utilisées à la remontée, les gabarras de la haute vallée ne remontant pas.
Batelièrs e nautonièrs
Par batelièr, on entendait aussi bien un constructeur de bateaux qu’un passeur (passaire). Le nautonièr était souvent un armateur responsable de la construction des bateaux, du fret et de la navigation.
En 1988, lors d’une enquête sur la mémoire occitane de la vallée d’Olt, Marcel Tayrac construisit, pour le compte du Musée du Rouergue, une barque selon les techniques utilisées par son grand-père de Saint-Sulpice de Sénergues (Sant-Chaupici de Senèrgas) pour construire les gabarras.
Le chêne (garric) était coupé à la fin de l’été, en sève descendante, en tenant compte de la lune et du vent, puis débité en planches (pòsses) par des scieurs de long (ressaires). Plusieurs planches d’une seule portée formaient le fond de la barque (sòla) et chaque bordage (esponda) était constitué d’une seule pièce. Le tout était assemblé par des pièces de bois courbes (corbas) réalisées à partir de branches de châtaignier choisies en raison de leur courbure présentant un angle permettant d’associer les bords (costats) au fond au moyen de chevilles (cavilhas). Les extrémités de la barque étaient constituées de pièces de chêne ou de châtaignier appelées tabòt en proue et cachor en poupe. Le calfatage était réalisé avec de la mousse et du chanvre enfoncés au moyen d’un mossador. Une chaîne d’amarrage (cadeç) était fixée à la proue (tabòt, morre del batèu).
Los gabarrièrs
La navigation depuis Entraygues sur Truyère (Entraigas) avait lieu entre Toussaint et la Saint-Urbain, date de la transhumance, lorsque les eaux étaient marchandes, c’est-à-dire suffisamment hautes mais pas trop violentes.
Un personnage surnommé l'Amiral, établi place de La Croix à Entraygues sur Truyère (plaça de La Crotz a Entraigas), tenait le registre des départs. Une procession avait lieu à Notre-Dame du Pountet (Nòstra-Dòna del Pontet) et une fouace (fogassa) ou un pain bénits étaient jetés à l’eau depuis le pont d’Òlt.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, on expédiait des denrées telles que du fromage (formas), du vin ou des fruits que l’on entreposait chez les armateurs, mais surtout du merrain (mairam) pour la tonnellerie : « Davalavan de mairam que veniá d’al Mur de Barrés, per far la futalha a Bordèus, e de formas. Ils descendaient du merrain qui venait de Mur de Barrez, pour faire la futaille à Bordeaux, et des fromages. » (Al canton d'Entraigas, 1995)

Le voyage Lo viatge
A Entraygues sur Truyère (Entraigas), les bateaux étaient chargés au quai du Lot et partaient avec un équipage de trois à quatre personnes : « Cargavan les batèus e se lançavan aquí. Partián tres o quatre dessús. Ils chargeaient les bateaux et partaient de là. Ils partaient à trois ou quatre dessus. » (Al canton d'Entraigas, 1995)

La davalada
Les gabarrièrs devaient affronter les passages difficiles (malpàs) et les remous (vòltas, revolums) : « Les tipes, de còps, se cambaviravan. Aval a Nega-Paire, al ròc de Ròca-Palhòl. l a un gorg priond. Alara, de còps, las gabarras anavan petar pel ròc, aval, e tot aquò dins l’aiga. Parfois, ils chaviraient. Là-bas à Nega-Paire, au rocher de Ròca-Pathòl. Il y a un gouffre profond. Alors, des fois les gabarres allaient percuter le rocher et tout partait à l’eau. » (Al canton d'Entraigas, 1995)

Lo retorn
A la remonte, avec les allèges, ils ramenaient de l’épicerie et le stockfish (estòfin) : « Pareis que tornavan montar las gabarras ambe de chavals. Tornavan montar de la sal, de causas que i aviá a-n-aquel temps, las prumièiras amètlas. Aquo veniá de las coloniás. Era davant catòrze. Il paraît qu’ils remontaient les gabarres avec des chevaux. Ils remontaient du sel, des aliments de saison, les premières amandes. Ça venait des colonies. C’était avant 1914. » (Al canton d'Entraigas, 1995)

« Quand tornavan montar, montavan d’òli d’arachida e l’estòfin. L’estòfin montava e las castanhas davalavan, benlèu quauquas pomas... Eran pas cargats per montar. L’òme montava amb un chaval pel camin de alatge. Quand ils revenaient, ils montaient de l’huile d’arachide et le stockfish. Le stockfish montait et les châtaignes descendaient, peut-être quelques pommes aussi... Ils n’étaient pas chargés pour monter. L’homme montait avec un cheval par le chemin de halage. » (Al canton d'Entraigas, 1995)
Le félibre majoral Zefir Bosc a publié dans Les Gabariers du Lot, le lexique occitan de la navigation.

Lo Pòrt, a Ambairac, mai de 1995

Photo

Rivière Lot (Òlt), écluse (enclusa), ancien quai d'accostage et de chargement, au Port, mai 1995
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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