Introduction
Château (castèl) de Camboulan, 1980
Le 22 novembre 1772, la fête de Camboulan (Cambolanh) dégénéra en émeute paysanne.
Jacques Bousquet résume ainsi l’affaire :
« Le seigneur de Camboulan était alors Antoine Brassier de Saint Simon qui possédait la terre en toute justice, et avait donc, théoriquement, la souveraineté absolue. Celle-ci devait être assez difficile à exercer, car il avait dû solliciter l’aide de deux gendarmes du Roi. Après les réjouissances de la journée, la fête se terminait dans les cabarets, non sans quelque agitation. A huit heures du soir, “attendu l’heure tarde”, le seigneur donna l’ordre aux gendarmes de “faire cesser de donner à boire dans tous les cabarets”, et sommèrent de faire sortir de celui de Pierre Saint-Affre, où il se trouvait avec eux, Jean-Louis Darre de La Capelle, Jean-Pierre Bouissou de Vialatelle, et quelques autres paysans. Ceux-ci, sans doute pris de vin et furieux de cet abus d’autorité, attendirent le seigneur à la sortie du cabaret et lui jetèrent des pierres, blessant grièvement l’un des gendarmes.
Le récit n’est pas clair : les attendus du jugement parlent comme ci-dessus, alors que l’accusation porte que le seigneur demanda aux gendarmes de passer la nuit à Camboulan. Il dut les amener au château, devant la porte duquel les paysans vinrent tirer des coups de feu. Le seigneur fit une sortie avec son beau-frère et les gendarmes, ils trouvèrent une trentaine d’opposants qui leur jetèrent des pierres. Puis ces énergumènes allèrent attaquer le presbytère, obligeant le curé à se réfugier au château. C’est donc une véritable émeute, œuvre d’esprits échauffés, mais qui témoigne, 25 ans avant la Révolution, de l’hostilité, au niveau des villages même, contre le noble et le prêtre, et avec eux les gendarmes du Roi, tous représentants d’une autorité oppressive et considérés comme solidaires.
Le jugement est assez sévère. Les deux principaux coupables devront être attachés au carcan un jour de marché sur la place publique de Villefranche, et sont bannis pour trois ans, outre une peine de trois livres d’amende.
Mais ils étaient contumaces, s’étant enfuis dès qu’ils virent que l’affaire tournait mal, et ne furent sans doute jamais rattrapés. » (Extrait de En Rouergue à travers le temps, de Jacques Bousquet, 1961)
Castèl de Cambolanh, a Ambairac, 1980
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