Bonjour bergère…
Introduction
Ces dialogues chantés entre une personne de rang élevé et une jeune femme de modeste extraction sont appelés pastorèlas. "Gentille pastourelle" est la plus répandue dans la région.
Toutes révèlent la situation diglossique de l'occitan par rapport au français, mêlée à un conflit de classes. Le seigneur s'adresse à la jeune femme en français. En général, il veut l'emmener, lui inculquer les bonnes manières et lui faire connaître le beau monde. La jeune femme lui répond en occitan et préfère rester dans sa campagne.
Il s'agit d'un genre populaire très ancien que l'on retrouve dans la lyrique des troubadours.
Vidéo
Paulette AGRINIER
née Imbert en 1938 à La Ferrière de Saint-Geniez d'Olt, décédée en 2009.
Transcription
Occitan
Français
– Adessiatz mossur.
– Que faites-vous seulette dans ce bois obscur ?
– Garde mas fedetas e mos anhelons.
Filant ma conolha e cantant mas cançons.
– A quoi bon, bergère, cet amusement ?
Une fille si belle, n’avoir pas d’amant !
– Lo Diable s’empòrta ! De qué m’anatz parlar ?
Jamai la miuna maire me'n aviá parlat…
– Je sais bien, bergère, ta mère t’en parle pas,
Oh mais ton cœur, la belle, te le dit tout bas…
– Dins aquel boscatge, n’entende pas res.
N’entende que lo lengatge del rossinholet.
– Viens donc, bergère, viens donc avec moi,
Passer une demi-heure, seulette dans le bois…
– Mossur lo temps se nèbla, vos anatz molhar,
Prenètz la descampada, anatz vos abritar.
– Ton chien, bergère, est plus aimable que toi,
Il me fait des caresses et s’approche de moi.
– Se mon can vos carèssa, sabe ben per de que,
Sentís dins vòstra pocheta qualque crostonet… »
« Bonjour bergère !
– Bonjour monsieur.
– Que faites-vous seulette dans ce bois obscur ?
– Je garde mes petites brebis et mes petits agneaux.
Filant ma quenouille et chantant mes chansons.
– A quoi bon, bergère, cet amusement ?
Une fille si belle, n’avoir pas d’amant !
– Le Diable s’emporte ! De quoi m'allez-vous parler ?
Jamais ma mère ne m’en avait parlé…
– Je sais bien, bergère, ta mère t’en parle pas,
Oh mais ton cœur, la belle, te le dit tout bas…
– Dans ce bois, je n’entends rien.
Je n’entends que le langage du rossignolet.
– Viens donc, bergère, viens donc avec moi,
Passer une demi-heure, seulette dans le bois…
– Monsieur le temps se trouble, vous allez vous mouiller,
Prenez la fuite, allez vous abriter.
– Ton chien, bergère, est plus aimable que toi,
Il me fait des caresses et s’approche de moi.
– Si mon chien vous caresse, je sais bien pourquoi,
Il sent dans votre pochette quelque petit croûton… »