14. SAUVETERRE – Rue Saint-Christophe

J'apporte des précisions ou
je demande la traduction >

Introduction

14. SAUVETERRE – Rue Saint-Christophe

Arc ogival de porte fortifiée et rue (carrièira) de la bastide (bastida)

« J. Delmas et P. Marlhiac ont publié Documents pour servir à l’histoire de Sauveterre-de-Rouergue (1981). Nous en reprenons l’historique. On consultera également avec profit de B. Alary et P. Marlhiac, Sauveterre de Rouergue, bastide royale, bonne ville, bastion républicain (1993) qui est une excellente synthèse, bien illustrée.
Sauveterre fut fondée en 1281 par Guillaume de Mâcon, sénéchal de Rouergue, représentant de Philippe-le-Hardi. Depuis le début du XIIIe siècle, il existait une “Sauveterre” dans laquelle Raymond de Castelnau avait une maison. C’était peut-être une fondation du comte de Toulouse, comte de Rouergue, et son héritier n’aurait fait que l’amplifier. Mais il s’agit de bien davantage : le sénéchal donne un vaste plan et trois ans plus tard il accorde aux habitants qui viendront s’y installer un ensemble de franchises et l’exemption du droit de leude pour les marchandises qui s’y vendront. Mais la réalité est peut-être plus complexe et plusieurs énigmes entourent la naissance de 1281. Les actes font mention dès le milieu du XIIe siècle d’un château de Luzeffre qui se trouvait dans ce secteur et d’une famille de ce nom, qui donna sa part de la seigneurie à l’abbaye de Bonnecombe. En 1259, ce château appartenait à la famille de Saint-Privat. Or en 1281, Luzeffre disparaît comme par enchantement, comme si Sauveterre avait pris sa place, comme si Bonnecombe s’était effacé. Mais les domaines de la grande abbaye restent tout autour, privant la nouvelle ville d’une possibilité de développement et d’exploitation directe de terres nécessaires à sa survie, dans une région essentiellement rurale. Cette anomalie de naissance n’a jamais été oubliée : la faveur du roi (privilèges, siège d’un baylie allant de l’Aveyron au Viaur, siège d’une justice royale, états provinciaux du Rouergue de 1375 à 1378 et en 1386) n’a pas été assez forte ou suffisamment soutenue sur le plan économique et social pour assurer à la ville une prééminence incontestable.
Mais ce n’est pas la seule énigme. L’église fut d’abord annexe de l’église rurale de Jouels, comme si malgré l’importance de la ville, l’autorité ecclésiastique n’avait pas cru d’abord à sa majorité et l’avait laissée en tutelle. C’est l’histoire connue. Mais que dire de l’église aujourd’hui disparue de Saint-Vital qui se trouvait au-dessous de Sauveterre, vers le Montilhar, et qui pourrait être le centre d’une paroisse antérieure ou la chapelle du château de Luzeffre ?
La communauté se fit peu à peu dispenser des divers péages de la région. En 1319, la ville s’entoura de remparts ; en 1342, elle bénéficia du privilège d’édifier des boucheries (masèls) et d’avoir des draperies. C’est l’époque où le pouvoir royal soutenait économiquement la ville. Un important artisanat se développa s’appuyant sur la chapellerie, le tissage, la tannerie et surtout sur la coutellerie, qui faisait tourner des moulins à aiguiser, dit tornals, sur le Lézert. Aux XIV° et XV° siècles, l’industrie sauveterrate des couteliers fournissait régulièrement aux marchands de Rodez, disposant de capitaux, en échange d’acier de Lacaune ou de Foix, des charges de couteaux qui étaient expédiées jusqu’en Suisse. Les Anglais s’établirent dans le pays en 1361 et le départ de leur garnison fut racheté en 1369. La fin du XIV° siècle et le XV' siècle furent une période de renouveau : reconstruction de l’église, tenue à plusieurs reprises des états provinciaux... Un nombre important de prêtres, chapelains chargés de services de messes et soutenus par divers biens immobiliers et des rentes, devait justifier la transformation de la fraternité en collège. Sans nier l’authenticité de la foi, la constitution de fondations assurait aussi aux cadets des familles bourgeoises qui devenaient prêtres, des revenus et un rang convenable. Le collège (sacerdotal) fut crée par François d’Estaing, évêque de Rodez, en 1514.L’Ancien Régime fut le temps des abandons. Après un dernier coup d’éclat, l’installation temporaire du sénéchal-présidial de Villefranche, qui jugeait la ville plus sûre (1594), Sauveterre allait être miné par les épidémies, les famines, les garnisons des gens de guerre... La peste de 1628 fut fatale à la coutellerie, qui d’ailleurs n’était plus qu’en survie. La Révolte des Croquants (1643) entraîna la suspicion. En 1790 et pour quelques années, Sauveterre fut le chef-lieu d’un des districts de l’Aveyron. La Révolution y fut assez bien accueillie par les gens de robe, qui pouvaient se considérer jusque là comme sous-employés, et par les artisans. Durant le XIXe siècle, la ville tint au moins un rang moral, se flattant d'avoir donné le jour à des personnalités qui ont compté dans la vie départementale et même nationale : Delpech, Cibiel, Jean-Pierre Raymond Merlin, président du Conseil général de l’Aveyron, le D' Jean-Antoine Delpech, Alexandre-Edouard Delpech, doyen de la Faculté de droit de Toulouse, Jean-Henri Magne, Directeur de l’Ecole d’Alfort, etc.
Mais le XIX' siècle fut le temps du déclin. Le domaine rural était trop réduit pour faire vivre une population urbaine qui ne pouvait compter sur un artisanat, ni sur une industrie, et qui, par ailleurs, était défavorisée par son éloignement des grands axes routiers et commerciaux (Rodez-Villefranche et Rodez-Toulouse).
La ville fut bâtie sur un plan régulier, rectangulaire (223 sur 175 m) et divisée en 8 îlots (autour d’une vaste place centrale) et en quartiers. Chaque quartier avait sa fonction. Au dehors, se trouvaient les champs de foire, et au Nord le château royal. Au centre : la place et ses couverts et la pierre foirai (mesures). Croix en fer forgé de 1782.
Quartier de Saint-Jean (N.-D.) : four, grenier à sel et prisons.
Quartier de Notre-Dame : écoles, presbytère et église.
Quartier de Saint-Vital : cimetière (croix du XV' s.), Hôpital dont la chapelle était dédiée à sainte Anne et Maison commune. Ce quartier a conservé sa tour d’angle et sa porte dite de Saint-Vital, par laquelle on allait à l’église de ce nom.
Quartier de Fonbougine ou de Landès : maisons nobles et en particulier Maison des Dalmas de Lapérouse (dont le nom rappelle les attaches sauveterrates du grand navigateur). C’est le presbytère actuel. Ce quartier a conservé sa porte (dite de Saint-Christophe).
L’église Saint-Christophe était comprise dans les remparts. Bel édifice du XIVe s., avec retables du XVIIe s. et stalles du XVIe s. Il y avait des orgues au XVIIe s.
Le tour de ville a conservé quelques tronçons des fossés. Croix en pierre du XVIe s. dite de la Merette, au Sud. » (Jean Delmas, 1998)

Carrièira Sant-Cristofa, a Salvatèrra

Photo

14. SAUVETERRE – Rue Saint-Christophe
© MARLHIAC Pierre (Sauveterre-de-Rouergue)

Localisation

Vous aimerez aussi...

En cours de chargement...