Fermes (bòrias) à flanc de coteau (travèrs), décembre 1999

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Introduction

Fermes (bòrias) à flanc de coteau (travèrs), décembre 1999

Lo Costovin

« Quand un matin, nous sortions à peine des grands froids de l'hiver, les feuilles toutes menues pointaient sur les arbres, le garde- champêtre annonçait dans son porte-voix : "Avis à la population, le Coustoubi [Costovin] est attendu vers 11 heures sur la place du griffou [grifol]”.
Pas un seul n’aurait voulu manquer le spectacle ; quand il n’y avait pas classe ; et nous allions à l’entrée du village, attendre.
On devinait au loin le petit équipage, le bruit des sabots au milieu de la route ; la mule menait le convoi, encadrée d’un brancard tirant la charrette en bois, à deux roues recouverte d’une bâche retenue à peine par des arceaux. L’homme, on l’apercevait tout juste dans son habitacle, encore un peu endormi, son chapeau sur la figure.
Telle une nuée de moineaux, nous faisions l’escorte, sautant de joie, accompagnés des grincements chaotiques de cet équipage. La mule, fière, en accélérait le pas.
Tout ce folklore ne passait pas inaperçu dans le village. Les mamans savaient qu’elles avaient le temps de préparer le porte-monnaie avant de se rendre à leurs achats. L’installation se déroulait toujours dans le même ordre : l’homme allait vers sa mule, lui donnait un petit tapotement, ainsi libérée de ses harnais elle allait boire, recevait un petit croûton de pain, elle hochait la tête et c’était la descente dans le couderc [codèrc].
Nous ne manquions aucun geste du Coustoubi [Costovin] qui revenait à la charrette, impatients que nous étions de découvrir ces trésors cachés sous la bâche qu’il rabattait délicatement.
Des paniers bien rangés recouverts de feuilles encore fraîches, et, vous vous rendez compte ! des cerises à la Saint-Clair ! Que c’était beau ! La providence pour nous les enfants, un père Noël que cet homme.
Il se tenait debout, attendant les clientes. Un quignon de pain et un cabécou d’une main et le couteau de l’autre, le tassou [tasson] n’était pas loin, il allait le remplir au barricou [barricon] accroché au montant de la charrette.
Au cours des saisons c’étaient toujours de nouvelles merveilles, des fraises, des pérous [perons], quelle saveur ! Les plants de salades, choux, poireaux bien empaquetés dans leur motte de terre. Les pêches mûries dans ces coteaux ensoleillés au-dessus de la Truyère, avaient un goût... de paradis.
“Des raisins, s’il vous plaît.”
Et en automne : les noix, les noisettes et les châtaignes cuites en tétés enfilées en colliers, là nous savions que nous ne partirions pas sans en avoir un pour quelques sous.
Il y avait très peu de paroles, mais une grande histoire dans cet événement, le plaisir des yeux.

Cet homme qui manipulait la romaine en se penchant en avant et un seul mot : “Aco fo boun pès" [Aquò fa bon pès]. » (Extr. de “Le Coustoubi”, d'après Marie-Thérèse Bruel, dans Les lauzes, n° 21, janvier 1997)

Bòrias del país costovin, a Camporiés, decembre de 1999

Photo

 Fermes (bòrias) à flanc de coteau (travèrs), décembre 1999
© Institut occitan de l'Aveyron (Villefranche-de-Rouergue)

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