Introduction
Ces dialogues chantés entre une personne de rang élevé et une jeune femme de modeste extraction sont appelés pastorèlas. "Gentille pastourelle" est la plus répandue dans la région.
Toutes révèlent la situation diglossique de l'occitan par rapport au français, mêlée à un conflit de classes. Le seigneur s'adresse à la jeune femme en français. Il veut l'emmener, lui inculquer les bonnes manières et lui faire connaître le beau monde. La jeune femme lui répond en occitan et préfère rester dans sa campagne.
Vidéo
© Institut occitan de l'Aveyron - Réalisation Amic BEDEL
Fernande DAUZONNE
née Delarbre en 1941 à Malbo (15).
Transcription
Occitan
Français
« Bonjour, belle bergère !
– Adissiatz, Mossur !
– Que fais-tu donc si belle,
Dans ce bois obscur ?
– Fiale ma conolha, garde mes motons.
Assetada sus l'erbeta, cante una cançon.
– Oh dis donc moi, bergère,
Quels sont tes amusements ?
D'être si gentille et de n'avoir pas d'amant…
– O mon Dius, pecaire, Mossur, m'estonatz,
De çò que ma maire ne m'a parlat jamai.
– Je sais bien que ta mère ne t'en parle pas,
Mais ton cœur lui-même te le dit tout bas.
– Dins aquelses boscatèls, ieu n'entende res.
Rien que lo lengatge del rossinholet.
– Tes raisons m'accablent, j'en suis à la mort.
Prends pitié, bergère, de mon triste sort.
– Sabe pas qué faire per un tan grand mau,
Chas l'apoticaire i a tot çò que cau.
– Toutes tes médecines pour moi ne sont rien.
La mort ou la vie sont entre tes mains.
– Dins las miás manetas, ieu n'entende res.
Rien que ma conolheta e mon fuselet.
– Regarde donc, bergère, ton chien est plus poli que toi,
Il me fait des caresses et vient auprès de moi.
– Se mon can vos caressa, ieu sabe ben perqué,
Dins vòstra pòcha conten un vièlh crostet.
Pierron fa mon caprice, ieu l'aime coma tot,
Vos fasètz mon suplice, Mossur, retiratz-vos ! »
– Adissiatz, Mossur !
– Que fais-tu donc si belle,
Dans ce bois obscur ?
– Fiale ma conolha, garde mes motons.
Assetada sus l'erbeta, cante una cançon.
– Oh dis donc moi, bergère,
Quels sont tes amusements ?
D'être si gentille et de n'avoir pas d'amant…
– O mon Dius, pecaire, Mossur, m'estonatz,
De çò que ma maire ne m'a parlat jamai.
– Je sais bien que ta mère ne t'en parle pas,
Mais ton cœur lui-même te le dit tout bas.
– Dins aquelses boscatèls, ieu n'entende res.
Rien que lo lengatge del rossinholet.
– Tes raisons m'accablent, j'en suis à la mort.
Prends pitié, bergère, de mon triste sort.
– Sabe pas qué faire per un tan grand mau,
Chas l'apoticaire i a tot çò que cau.
– Toutes tes médecines pour moi ne sont rien.
La mort ou la vie sont entre tes mains.
– Dins las miás manetas, ieu n'entende res.
Rien que ma conolheta e mon fuselet.
– Regarde donc, bergère, ton chien est plus poli que toi,
Il me fait des caresses et vient auprès de moi.
– Se mon can vos caressa, ieu sabe ben perqué,
Dins vòstra pòcha conten un vièlh crostet.
Pierron fa mon caprice, ieu l'aime coma tot,
Vos fasètz mon suplice, Mossur, retiratz-vos ! »
Bonjour belle bergère !
« Bonjour, belle bergère !
– Bonjour, Monsieur !
– Que fais-tu donc si belle,
Dans ce bois obscur ?
– Je file ma quenouille, je garde mes moutons.
Assise sur l’herbette, je chante une chanson.
– Oh dis donc moi, bergère,
Quels sont tes amusements ?
D'être si gentille et de n'avoir pas d'amant…
– Oh, mon Dieu, Monsieur, vous m’étonnez,
Ma mère ne m’en a jamais parlé.
– Je sais bien que ta mère ne t'en parle pas,
Mais ton cœur lui-même te le dit tout bas.
– Dans ces bois, je n’entends rien,
Seulement le langage du rossignolet.
– Tes raisons m'accablent, j'en suis à la mort.
Prends pitié, bergère, de mon triste sort.
– Je ne sais pas quoi faire pour un si grand mal,
Chez le pharmacien il y a tout ce qu’il faut.
– Toutes tes médecines pour moi ne sont rien.
La mort ou la vie sont entre tes mains.
– Dans mes petites mains, je n’y entends rien.
Seulement ma petite quenouille et mon petit fuseau.
– Regarde donc, bergère, ton chien est plus poli que toi,
Il me fait des caresses et vient auprès de moi.
– Si mon chien vous caresse, je sais bien pourquoi,
Il y a dans votre poche un vieux croûton.
Pierrot est mon caprice, je l’aime comme tout,
Vous faites mon supplice, Monsieur, retirez-vous ! »
« Bonjour, belle bergère !
– Bonjour, Monsieur !
– Que fais-tu donc si belle,
Dans ce bois obscur ?
– Je file ma quenouille, je garde mes moutons.
Assise sur l’herbette, je chante une chanson.
– Oh dis donc moi, bergère,
Quels sont tes amusements ?
D'être si gentille et de n'avoir pas d'amant…
– Oh, mon Dieu, Monsieur, vous m’étonnez,
Ma mère ne m’en a jamais parlé.
– Je sais bien que ta mère ne t'en parle pas,
Mais ton cœur lui-même te le dit tout bas.
– Dans ces bois, je n’entends rien,
Seulement le langage du rossignolet.
– Tes raisons m'accablent, j'en suis à la mort.
Prends pitié, bergère, de mon triste sort.
– Je ne sais pas quoi faire pour un si grand mal,
Chez le pharmacien il y a tout ce qu’il faut.
– Toutes tes médecines pour moi ne sont rien.
La mort ou la vie sont entre tes mains.
– Dans mes petites mains, je n’y entends rien.
Seulement ma petite quenouille et mon petit fuseau.
– Regarde donc, bergère, ton chien est plus poli que toi,
Il me fait des caresses et vient auprès de moi.
– Si mon chien vous caresse, je sais bien pourquoi,
Il y a dans votre poche un vieux croûton.
Pierrot est mon caprice, je l’aime comme tout,
Vous faites mon supplice, Monsieur, retirez-vous ! »
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